jeudi 10 décembre 2009

BUIKA EN VIE



Récital hors du commun que celui de Concha Buika au Gran Rex de Buenos-Aires.
Triomphe assuré dès la première chanson où s'installe la magie de son trio de musiciens, pianiste génial, percussioniste hors pair et subtile contre-basse.
La voix de Buika est un phénomène en soi, dans ses textures, sa puissance, ses vibrations et sa musicalité extrême qu'on ne sait situer vraiment puisque le génie propre de cette interprète est de circuler avec virtuosité du canto jondo aux scatt du jazz, en poussant aussi ses trémolos et ses soupirs du côté du tango, du bolero, de la ranchera.
Sur cette scène, dans le cadre étroit de son tapis où elle évolue pieds nus, elle convoque littéralement toutes les entités qui jouent avec nos coeurs, la passion, la nostalgie, la rage et le remords, l'espérance et le désespoir le plus sombre.



L'écouter chanter des tangos comme "Volver" ou "Nostalgias" en Argentine revêt une dimension sentimentale particulière d'autant plus qu'elle se les fait siens en les colorant de flamenco et de pulsations africaines. Le caractère très magique et saisissant de ce récital est que Concha Buika de par ses origines, son vécu et ses goûts réussit une synthèse musicale inouïe: Afrique, Espagne, Caraïbe et Amerique latine mêlent leurs accords dans sa gorge. Par cette habile fusion et ce métissage inné de cultures poétiques et musicales si variées, Buika démontre qu'elles émanent toutes de la même âme universelle, celle d'une humanité douloureuse ou exaltée qui se console et se transcende dans le chant et le compas d'une rythmique.



Les pouvoirs de captation et d'envoûtement de cette artiste , pour user d'une image un peu facile en ce cas,la range sans aucun doute dans la lignée des grandes voix auxquelles elle rend hommage et dont elle perpétue l'héritage de femmes libres et fières: Chavela Vargas, Mercedes Sosa, La Lupe, Celia Cruz, Lola Flores, Myriam Makeba, Billie Holliday... Magnifique dans sa robe rouge fourreau et sous l'éclat baroque de colliers et lourds bracelets rutilants, elle fait preuve d'une simplicité et d'un naturel désarmant dans ses interventions, ses commentaires drôles et poétiques qui veulent comme sa voix aller par le plus court chemin possible, droit au coeur.
A la standing ovation et au triple rappel, Buika reculait vers le fond de la scène pour se cacher dans les bras de ses musiciens comme un petite fille qui vient de briser quelque chose et a peur! Effrayée par son propre triomphe, elle demanderait presque pardon.




pour donner une sensation:
http://mondomix.com/fr/show-video4533.htm

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Artiste mangifique.
Synthese de talents.
Très beau choix.