dimanche 27 juin 2010

FEU MAURICE RONET FOLLET



"C'est difficile d'être un homme. Il faut en avoir envie."




"Je déteste la médiocrité.
- Cela fait dix ans que tu vis dans une médiocrité dorée!"



"Tu fais l'apologie de l'ombre parce que le soleil te blesse les yeux"



"Comme la vie sait nous humilier."


jeudi 24 juin 2010

L'EAU ET LES RÊVES... SELON GASTON



"Je retrouve toujours la même mélancolie devant les eaux dormantes, une mélancolie très spéciale qui a la couleur d'une mare dans une forêt humide, une mélancolie sans oppression, songeuse, lente, calme. [...] C'est près de l'eau et de ses fleurs que j'ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l'intermédiaire d'un rêveur.[...] La plus belle des demeures serait pour moi au creux d'un vallon, au bord d'une eau vive, dans l'ombre courte des saules et des osières.


Mon plaisir est encore d'accompagner le ruisseau, de marcher le long des berges, dans le bon sens, dans le sens de l'eau qui coule, de l'eau qui mène la vie ailleurs, au village voisin. Mon "ailleurs" ne va pas plus loin."





L'eau et les rêves


Essai sur l'imagination de la matière


Gaston Bachelard


Photographies de ma Sorgue

dimanche 20 juin 2010

LA BEAUTE OBSCENE?

Découvert quand j'avais 20 ans, le travail de Robert Mapplethorpe m'avait bouleversé surtout par sa charge érotique , son audace morale et le formalisme glacé qu'il donnait à des sujets jamais traités auparavant dans la photographie. Aujourd'hui, être confronté au MALBA à des tirages originels réalisés par le photographe en personne, est l'occasion d'une nouvelle surprise.
Passés le charme et la surprise des corps noirs et nus, des fleurs turgescentes et des supplices sado-maso... c'est le jeu des lumières et des textures qui me frappent d'abord, la présence épidermique des modèles et l'intensité des regards qui me sautent aux yeux!


Le véritable érotisme chez Mapplethorpe, comme la dimension funèbre, ne naît pas des corps exposés, ni de l'impudeur ou de l'obscénité hiératiquement mise en scène ou esthétisée. Il provient surtout du grand degré d'intimité qu'atteignent ces photos grâce à la précision avec laquelle l'ombre et la lumière chutent sur les grains de peau, la rugosité des crânes rasés, la douceur des mèches de cheveux ou des poils. C'est cette proximité avec le corps humain, les végétaux ou les objets qui rend ce travail unique et précieux.



Il n'y a aucun motif de scandale sous nos yeux, pas plus dans un pénis que dans une fleur. Pas plus dans un visage de princesse que dans les pieds tordus d'un ouvrier du Bronx. L'effet de provocation passée et les possibles sensations de gêne, dégoût, douleur ou rire, oubliées et balayées, il reste devant nous une oeuvre paisible et solennelle qui a figé la beauté des formes en louant leur vulnérabilité, leur grandeur et leur intensité.
Et le voisinage des photographies de thèmes très différents, voulu par Mapplethorpe, est la marque d'une vision du monde où chaque chose est placée sous l'éclairage de l'universel et revendique sa noblesse et sa part de beauté.




vendredi 18 juin 2010

TROIS CHEVAUX


"Castigo para los que no practican su purezza con ferocidad" Mario Trejo, Argentine 1925
Par cette phrase posée en exergue à son roman "Trois chevaux" l'écrivain italien Erri de Luca donne le ton de son récit. Pureté et férocité d'un style et d'un regard sur la vie.
L'Argentine de la dernière dictature et les jardins d'une ville de province italienne sont les espaces croisés et souvent mêlés où un homme travaille et se souvient, fuit le monde et sa solitude en même temps, aime et perd des femmes de trente ans, happées par la force du destin.
Le narrateur est un jardinier au passé d'exilé et de "terroriste" terrorisé fuyant toujours plus loin vers le sud. Il rencontre l'amour à la cinquantaine et prend conscience que si une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux, il vient d'abattre le deuxième.

Traducteur au quotidien de la bible bien que non-croyant, Erri de Luca donne une dimension sacrée aux plus simples détails du quotidien. Artisan, ouvrier, il façonne ses phrases avec la simplicité et la délicatesse des hommes qui travaillent avec leurs mains (les écrivains). On sent à le lire ce qu'est l'expérience du réel et le goût de frotter celui-ci à la poésie, comme on frotte de l'ail sur du pain.
Son univers (et la perception qu'il en donne ) est à mille lieues du mien et pourtant par la grâce de ses mots si justement plantés, il réussit à me le faire sentir et me faire vibrer dès la première page, grâce aussi à la puissante traduction de Danièle Valin.
C'est une magie magnifique que d'ouvrir et refermer un livre comme celui-là.


"Il n'y pas d'échappatoire, la terre est finie, il n'y a pas d'autre sud vers lequel descendre, il n'y a pas de cale de bateau où bercer un sommeil de salut.
Je vois la mer qui râpe les rochers, et le blanc d'ongle des vagues est la ligne qui la sépare de la terre.
Je vois la ligne rouge du coucher de soleil qui sépare le jour de la nuit, je pense que le monde est l'oeuvre du roi du verbe diviser et j'attends la ligne qui viendra me détacher des jours.
La vie est un long trait continu et mourir, c'est aller à la ligne sans le corps."




"Je t'aime par amour et par dégoût des hommes, je t'aime parce que tu es intègre même si tu es le reste d'une autre vie, je t'aime parce que le bout qui subsiste vaut la totalité et je t'aime par exclusion des autres bouts perdus."


lundi 14 juin 2010

Ô FORTUNA



"CARMINA BURANA" Karl Orff, qu'on croit connaître parce que deux ou trois airs ont été ressassés, est une oeuvre chargée d'un lyrisme un peu pompier, mais en tout cas efficace. Quand une belle compagnie de danse glisse ses chorégraphies dans les grands enthousiasmes du choeur et les élans symphoniques, ça marche, ça emporte, ça envole... C'est ce que réussit Mauricio Wainrott avec le Ballet San Martin de danza contemporanea.

http://www.youtube.com/watch?v=v6X9uGISV_s&feature=related

Et même si on ne parle pas de danseur étoile pour la danse moderne, on ne peut qu'être "sidéré" par la grâce du danseur protagoniste que certains ont peut-être déjà croisé sur ce blog, Nicolas Berrueta.


dimanche 6 juin 2010

COCO ET IGOR


Quelques impressions sur un film qui en laisse si peu...
Magnifique reconstitution de la première de "Le sacre du printemsp" en 1913 au théâtre des Champs-Elysées, moment-clef de l'avant-garde du début du siècle. Stravinsky, Nijinski, les Ballets Russes... et le scandale dans la salle, tout est méticuleusement mis en scène et on jubile de l'éclatante modernité qu'a conservé l'ensemble.





Le reste du film sensé nous raconter la passion entre Chanel et Stravinski ( ou comment Coco,jouant les mécènes "arty" se paie un génie musical russe au nez de sa femme et ses enfants sequestrés dans le luxe de son palace). L'acteur jouant Stravinski est excellent et magnétique, physiquement trop séduisant pour incarner le compositeur, mais nous sommes au cinéma.



Mouglalis est impeccable dans ses vraies tenues chanélisés vintage, hiératique et salope comme le modèle original, et quand elle évolue dans ses appartements art-déco somptueux en noir et blanc, c'est un grand moment de décoration,et non pas un grand moment de cinéma.
La grande Anna a de plus en plus tendance à se la jouer minimaliste et aphone... la mère Huppert devrait s'inquièter ( mais à celle-ci, il reste encore les coups de gueule que la Mougalis semble incapable de pousser).
Contentons-nous de cet admirable visage qui est ce que le cinéma français nous a livré de mieux depuis déjà dix ans...