mercredi 30 mai 2012

PAR SAINTE-URSULE


Dérobés au musée de l'Accademia de Venise, voici quelques fragments photographiques des panneaux que Carpaccio a signés autour de "La légende de Sainte-Ursule".
 Cette native des Cornouailles fut célèbre pour son pélerinage de trois ans avec onze mille vierges ( qui ne furent qu' onze en vérité) auprès de Saint-Cyriaque de Rome. A son retour, capturée par les Huns, elle refusa la main de leur chef Attila et fut criblée de flèches, telle un Saint-Sébastien au féminin, avec sa cohorte de suivantes martyrs.
Pendant dix années (1490/1500) Carpaccio réalisa cette œuvre immense de huit toiles de grandes dimensions et un retable, mêlant la pieuse inspiration du cycle d'Ursule à la peinture raffinée des fastes de la cité des Doges, ses canaux, ses places, ses fêtes, son imagerie poétique servant d'écrin au martyre de la Sainte.







Impossible de ne pas penser à Marcel Proust admirant religieusement  le chef- d'œuvre de Carpaccio dont certains motifs auraient inspiré les robes de Fortuny offertes par le narrateur à Albertine et dont certaines figures plus graves lui évoquaient sa mère décédée.







"Aujourd’hui je suis au moins sûr que le plaisir existe sinon de voir, du moins d’avoir vu une belle chose avec une certaine personne. Une heure est venue pour moi où quand je me rappelle le baptistère, devant les flots du Jourdain où saint Jean immerge le Christ tandis que la gondole nous attendait devant la Piazzetta il ne m’est pas indifférent que dans cette fraîche pénombre, à côté de moi il y eût une femme drapée dans son deuil avec la ferveur respectueuse et enthousiaste de la femme âgée qu’on voit à Venise dans Sainte-Ursule de Carpaccio » 
Albertine disparue III . Proust












vendredi 25 mai 2012

ANNA MAY WONG


Une actrice d'origine chinoise tombée dans la marmite aux illusions hollywoodiennes. Peu de rôles valables sont confiés à cette beauté sublime toujours rattrapée par le pittoresque et l'exotisme facile made in USA. Tentant sa chance en Europe, elle y devient une icône d'élégance, histoire de tomber captive de cet autre piège étincelant qu'est l'univers de la mode et des photos glacées. De retour sur la terre de ses ancêtres elle se rêve militante de la Chine éternelle, alors que le gouvernement local la juge dépravée et la répudie... Une femme trop en avance sur son temps ? ou ne serait-ce pas comme dirait Cocteau que "l'époque est en retard" sur elle?
 En tout cas je m'étonne qu'aucun producteur n'ait eu encore à ce jour l' idée de réaliser un biopic sur la belle Anna. Peut-être que ce genre de produit l'enfermerait dans une nouvelle boîte à images frustrante et encore réductrice. Il vaut mieux peut-être la laisser flotter dans notre rêverie orientale, glamoureuse et nostalgique...




















JIMMY RIVIERE


C'est par hasard que je suis tombé sur ce film  de Teddy Lussi Modeste qui mérite vraiment qu'on s'y arrête. On y suit l'itinéraire du jeune gitan, boxeur et séducteur repenti, qui converti à la secte pentecôtiste très en vogue chez les gens du voyage, espère se racheter une vertu et une existence nouvelles. C'est sans compter avec l'appel du désir, celui de son amoureuse Sonia qui le relance, ou de la passion du ring dans laquelle il replonge.


Portrait d'un jeune homme perdu face à ses choix de vie, déchiré entre des aspirations spirituelles trop rigides et sa rage contrariée de vivre intensément, le beau Jimmy suit le cours de sa rivière-vie peu tranquille. Le film est servi par une superbe photographie qui capte les chaudes lumières et les ombres bleutées de ce parcours initiatique original. On sent l'influence d'un Téchiné dans la mélancolie ou la sensualité qui rythment les séquences ou celle d'un Pialat dans la violence émotionnelle de certaines scènes tournées sur le vif.
Cette œuvre est illuminée par la présence de l'acteur Guillaume Gouix qui est de chaque plan, qui porte le film dans ses poings et ses beaux yeux de garçon âpre et paumé. Et sa ressemblance avec un de mes modèles photographiques préférés n'est-elle pas frappante? A vous de voir...










vendredi 18 mai 2012

WUNDERKAMMER



PAVEL TCHELICHEW

Puisées dans le flux intarissable d'images que déverse la toile, voici quelques perles inclassables, chamarrées, insolites, pêchées au jour le jour et que je livre à votre curiosité insatiable. Elles constituent un cabinet personnel et absurde des merveilles et des bizarreries qui me tombent dans l'œil et se perdent dans ma mémoire. Le culte des images, n'est-il pas un vice impuni dont l'antidote est l'iconoclastie naturelle que lui inflige l'oubli ?






















lundi 14 mai 2012

FERDINAND HODLER





Ferdinand Hodler est un peintre suisse de la fin du 19ème siècle, marqué par un certain symbolisme qu'il appelait "synthétisme". Il fait également partie de la Sécession de Vienne qui rendit célèbre l'avant-garde  des années 1900, parmi laquelle figure son ami Gustav Klimt. À la recherche d'une grande simplicité qui frôle parfois avec les débuts de l'abstraction, il pratiqua un art du parallélisme, de la symétrie des lignes et des couleurs pour transmettre une sensation d'ordre, d'harmonie, de rythme propre à son ressenti du cosmos. Ses compositions mêlant des personnages hiératiques et sensuels à  un environnement échappant à la perspective correspondent à son rêve d'une nature idéale où l'homme occupe une place raisonnée, cherchant un équilibre entre l'angoisse et la paix intérieure. Baignée d'une lumière douce et habitée par des êtres à l'éclatante nudité, son œuvre est une méditation sur le paradis perdu, la traversée du temps, la quête d'une vérité voilée de mélancolie.



REGARD VERS L'INFINI III




LE BON SAMARITAIN






LA VERITE


LE JOUR


LA NUIT