jeudi 30 janvier 2014

PALERME (S)


Cité de conquêtes, d'invasions multiples, ville palimpseste où se lisent les vestiges prestigieux des civilisations qui l'ont façonnée, phénicienne, grecque, carthaginoise, romaine, arabe, normande, angevine, espagnole, piémontaise etc….  PALERME dans tous nos rêves, bizantine ou baroque, aristocratique ou populaire, éclatante et décadente, pourrie et dorée. Une surprise à chaque détour pour les sens et le coeur. Bela passeggiata ! 


































PHOTOGRAPHIES DE SEBASTIEN PAUL LUCIEN

dimanche 26 janvier 2014

FONTANA DELLE VERGOGNE


Au coeur de Palerme se trouve la magnifique Fontana della Piazza Pretoria qui fut le premier monument sicilien dont la beauté me frappa le premier soir de mon arrivée alors que le crépuscule d'hiver la recouvrait de ses dorures. Plusieurs fois par jour j'avais le bonheur de la traverser pour regagner mon hôtel à l'angle des Quattro Canti et un arrêt contemplatif s'imposait chaque fois. De style renaissance florentin, elle fut réalisée par  Franncesco Camilliani et Michelangelo Naccherino au XVI ème siècle dans le style appelé maniériste ( à la manière de Michelangelo et son école). D'abord destinée à une villa florentine, elle fut importée pièce par pièce à Palerme et reconstituée près de la Via Maqueda et de la chiesa Santa Catarina dans le périmètre noble et sacré de la cité. Ses statues représentant des divinités fluviales palermitaines et des créatures et mythologiques séduisirent par leur grâce et leur fantaisie de détails : sylphides, tritons, naïades, éphèbes et nymphes rappelant des figures mythologiques comme Orphée, Hercule, Bacchus… Animée de jets d'eau et ruisselante de soleil, sa beauté dionysiaque exposant la nudité délicieusement païenne des jeunes corps la fit surnommer par les  palermitains des églises et couvents voisins " Fontana delle vergogne", la fontaine de la honte… D'où les mutilations castratrices qui s'ajoutent à celles causées par les ravages du temps. Dans cette capitale qui croule sous les poids des édifices religieux et d'une tradition catholique dont se lamente le Prince Salina dans le Gattopardo, on ne peut que se réjouir de voir combien cette fontaine licencieuse et hédoniste rafraîchit les esprits et arrose de ses jets érotiques la funèbre hypocrisie qui pèse souvent sur le ciel sicilien.