samedi 11 juin 2011

ANNIE LENNOX AND STING























Deux icones d'absolu beauté et d'absolu talent.

Deux visages aux variations masculin/féminin qui touchent à la perfection.

VICTOR



« Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Qui dit romantisme, dit art moderne, c’est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini, exprimés par tous les moyens que contiennent les arts »
Salon de 1846, Charles Baudelaire.








http://splphotographie.blogspot.com/

mercredi 8 juin 2011

MARTIRIO en la ARGENTINA




Elle figurait depuis quelques années sur la liste des chanteuses que je souhaitais voir sur scène, c'est chose faite depuis hier où j'ai pu enfin l'applaudir au Gran Rex de Buenos-Aires. Portée par un public conquis d'avance, Martirio, espagnolissime, flamboyante dans ses grandes jupes chamarrées, ses peignes baroques et ses éventails multicolores, a offert un tour de chant impeccable et hautement émouvant.





Accompagnée par Raul Rodriguez à la guitare flamenca et Jesús Lavilla virtuose du piano jazz latino, Martirio impose sa maestria vocale et son art de l'interprétation dans des tangos, boleros, coplas, fandangos ou sevillanas revisités avec éclectisme et virtuosité. Avec un sens de l'humour et du mélodrame qui la rattachent à l'univers d'un Almodovar, la chanteuse aux lunettes noires ( qu'elle a retirées, événement rare, au cours de sa brillante reprise de "Ojos verdes" de Miguel de Molina) est venue pour "ofrecer su corazon, chanson inaugurale du récital. Un couer qu'elle ouvre comme une boîte de Pandora et duquel jaillissent fatalement tous les sentiments les plus exaltés et emmêlés qui puissent se chanter, ceux des chansons d'amour et de passion qui font son répertoire de diva iberica.

MARTIRIO "Quisiera amarte menos" http://www.youtube.com/watch?v=fTsdI36lXOI


dimanche 5 juin 2011

100 000



Les chiffres ne disent que ceux qu'on veut leur faire dire. Cent mille "clics", c'est ce que signalent les statistiques de ce blog quant au nombre de visiteurs. Hélas, il n'est question ici que de clics ce qui correspond en fait à de furtives incursions sur cette page généralement motivées par une cueillette d'images via Google. Cliqueur, visiteur, lecteur... qui s'arrête vraiment pour lire quelques mots, partager une vision, un commentaire? Très peu en réalité, mais peu importe finalement, car une poignée de lecteurs amis, fidèles, ou visiteurs de passage suffisent à justifier les heures de rédaction et de mise en page de ce blog qui rend compte de mes flaneries dans le monde des mots des images et des couleurs du temps.

Merci, cent mille fois merci à tous ceux qui sont venus et viendront partager mes climats!


100 000 MERCIS !

vendredi 3 juin 2011

UN HOMME OBSCUR



Rien de plus lumineux que le court roman de Marguerite Yourcenar " Un homme obscur" composé en 1981 et qui fait figure d'oeuvre testamentaire. Dédié à son compagnon d'aventures Jerry Wilson, véritable homme obscur en l'occurence, on suit dans cette oeuvre l'itinéraire singulier d'une âme simple, Nathanaël, hollandais du seizième siècle qui pourrait sortir d'un tableau de Bruegel ou de Rembrandt, références picturales qui émaillent le récit.


Petit villageois boîteux latinisé par chance, adolescent en fuite sur un navire via les Caraïbes, jeune époux d'une paysanne de l'Île Perdue, en réalité le hâvre yourcenarien de Mont-Désert, il reviendra sur la terre hollandaise pour hanter de sa blonde silhouette les rues d'Amsterdam et de son ghetto de Haarlem. C'est l'occasion pour l'auteure de donner aux aventures de son héros une dimension littéraire et d'en faire un apprenti philosophe au contact d'une imprimerie, du cabinet d'un grand bourgeois lettré, du taudis d'un philosophe agonisant en lequel on croit reconnaître le grand Spinoza.


Sans oublier l'expérience de la passion amoureuse et de la désillusion qui la suit fatalement en la personne d'une farouche Saraï, beauté juive ou tzigane, prostituée et voleuse invétérée qui est un des plus séduisants et ambigüs portraits féminins d'une écrivaine parfois taxée - à tort? de mysoginie.

Amour, maladie, solitude, mort... autant d'épreuves existentielles que le protagoniste traverse sans en avoir grande conscience mais en les éprouvant dans l'intimité de son corps avec ce qu'il suffit de clairvoyance et lucidité pour en extraire l'essentiel: un sens de la prudence et du détachement, une intuition jamais démentie de la mesure de tout. Yourcenar brosse le portrait d'un homme presqu'ordinaire mais qui s'est frotté au monde, l'a traversé, s'en est nourri et éloigné avec un art de la discrétion et une grâce naturelle qui sont peut-être les marques véritables de la sagesse la plus profonde.

"... le quasi-autodidacte nullement simple, mais délesté à l'extrême, se méfiant instinctivement de ce que les livres qu'il feuillette, les musiques qu'il lui arrive d'entendre, les peintures sur lesquelles se posent parfois ses yeux ajoutent à la nudité des choses, indifférent aux grands événements des gazettes, sans préjugé dans tout ce qui touche à la vérité des sens, mais aussi sans l'excitation ou les obsessions factices qui sont l'effet de la contrainte ou d'un érotisme acquis, prenant la science ou la philosophie pour ce qu'elles sont, et surtout pour ce que sont les savants et les philosophes qu'il rencontre, et levant sur le monde un regard d'autant plus clair qu'il est incapable d'orgueil. Il n'y a rien d'autre à dire sur Nathanaël." (extrait de la postface)


"Ainsi ses craintes paniques, sa fuite, ses aventures au Nouveau-Monde ne tenaient à rien. Elles auraient aussi bien pu ne pas être; il aurait aussi bien pu rester à lire du latin dans une salle d'école. Quatre ans de sa vie croulaient comme un de ces pans de glace qui tombent de la banquise et plongent d'un bloc à la mer."



"Tout se passait comme si, sur une route ne menant nulle part en particulier, on rencontrait successivement des troupes de voyageurs eux aussi ignorants de leur but et croisés seulement l'espace d'un clin d'oeil. D'autres, au contraire, vous accompagnaient un petit bout de chemin, pour disparaître sans raison au prochain tournant, volatilisées comme des ombres. On ne comprenait pas pourquoi ces gens s'imposaient à votre esprit, occupaient votre imagination, parfois même vous dévoraient le coeur, avant de s'avouer pour ce qu'ils étaient: des fantômes. De leur côté, ils en pensaient peut-être autant de vous, à supposer qu'ils fussent de nature à penser quelque chose. Tout cela était de l'ordre de la fantasmagorie et du songe."


"Puis il songeait que chaque créature humaine entre sans le savoir dans les rêves amoureux de ceux qui la croisent ou l'entourent et en dépit, d'une part de l'obscurité ou de la pénurie, de l'âge ou de la laideur de celui qui désire, de l'autre, de la timidité ou de la pudeur de l'objet convoité, ou de ses propres désirs s'adressant peut-être à quelqu'un d'autre, chacun de nous est de la sorte ouvert et donné à tous."

Marguerite Yourcenar Un homme obscur


jeudi 2 juin 2011

DOISNEAU à BUENOS-AIRES




Doisneau, anthropologue du macadam, photographe humaniste et poète universel grâce auquel nous pouvons visualiser le quotidien enchanté ou en demi-teintes que nos aïeux nous racontaient. La nostalgie Doisneau est celle qui nous fait nous pencher sur cette bonne vieille France d'après-guerre et oublier qu'elle fut rance, mesquine, sordide et en somme bien franchouillarde. Sous l'oeil du père Doisneau tout trouve grâce à nos yeux, tout se met à sourire et à larmoyer, la douce France se déploie entre Prévert, Trénet et René Clair.



La France du temps de Robert n'était certainement pas plus jolie ni plus heureuse que celle d'aujourd'hui dont certains prétendent qu'elle agonise et d'autres qu'elle se métamorphose. A voir les passionnantes photographies que le Centre Culturel de La Recoleta expose, on se dit que cette France désuette et composite restituée par la magie de Doisneau a le mérite de susciter une sympathie rétrospective qu'il serait bon aussi de pouvoir adresser aux temps actuels. Mais il nous manque vraiment des poètes pour verser l'eau de leur tendresse dans notre vinaigre contemporain.










mercredi 1 juin 2011

LE PAYSAGE, ROBERT DESNOS



LE PAYSAGE

J'avais rêvé d'aimer. J'aime encor mais l'amour
Ce n'est plus ce bouquet de lilas et de roses
Chargeant de leurs parfums la forêt où repose
Une flamme à l'issue de sentiers sans détour.

J'avais rêvé d'aimer. J'aime encor mais l'amour
Ce n'est plus cet orage où l'éclair superpose
Ses bûchers aux châteaux, déroute, décompose,
Illumine en fuyant l'adieu au carrefour.

C'est le silex en feu sous mon pas dans la nuit,
Le mot qu'aucun lexique au monde n'a traduit
L'écume sur la mer, dans le ciel ce nuage.

A vieillir tout devient rigide et lumineux,
Des boulevards sans noms et des cordes sans noeuds.
Je me sens me roidir avec le paysage.

Robert DESNOS "Le Paysage"

extrait de Contrée




Robert Desnos par Claude Cahun