jeudi 28 juillet 2011

SINGER SARGENT

Suis complètement tombé sous le charme des oeuvres de Singer Sargent. Cet américain d'Europe excelle dans le portrait et les scènes intimistes, naturalistes ou exotiques. Une nouvelle passion picturale est née!













































FOTO CATALANA


Deux expositions photographiques ont retenu mon attention à Barcelone. La première au centre culturel de La Pedrera dans le magnifique écrin qu'est cet édifice de Gaudi, est consacrée au grand photographe espagnol des cinquante dernières années Catala-Roca. Ce maître de la photographie humaniste retrace la vie urbaine et rurale de l'Espagne libertaire et vibrante malgré Franco.






La seconde, au siège du fonds d'archives photographiques de Barcelona, dans le sympathique quartier de Born, est dédiée au français Jacques Léonard. Celui-ci amoureux dans les années soixante d'une belle gitane de la colline de Montjuic, a épousé aussi les moeurs bohèmes de cette communauté marginale et a récolté de superbes documents sur l'art de vivre de cette Barcelona gitana insoupçonnée.






mardi 26 juillet 2011

mercredi 20 juillet 2011

LES BIENFAITS DE LA LUNE



" La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: «Cette enfant me plaît.»

Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer.

Cependant, dans l'expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux; et toute cette lumière vivante pensait et disait: «Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime: l'eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l'eau informe et multiforme; le lieu où tu ne seras pas; l'amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos, et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce!

«Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie.»

Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques."


CHARLES BAUDELAIRE

Photos by Irina Ionesco



mardi 19 juillet 2011

CIGALES D'ETE









Il faut des voix de femmes pour bercer un été méditerranéen et rivaliser avec les cigales de l'après-midi. Dans la magnifique chapelle du Petit Louvre d' Avignon, Angelique Ionatos et sa comparse Katerina Fotinaki chantent Anatoli, l'orient grec avec toutes les cordes de leurs guitares. L' eurythmie est parfaite entre ces deux guitaristes expertes et leurs voix, grave et frémissante pour Ionatos, langoureuse et cristalline pour Fotinaki, tissent des mélopées chatoyantes. Les textes puisés chez les meilleurs poètes comme Odysseus Elytis, Garcia Lorca et même Baudelaire avec le fameux "Les bienfaits de la lune", sont interprétés avec amour et émotion. C'est un moment de grand art, de haute poésie, d'envoûtement. La Grèce tout entière actuelle et millénaire,convoquée avec ses mythes, son petit peuple et son grand soleil, accourt à nos oreilles et nous subjugue.

En écoute: http://www.youtube.com/watch?v=QTX6BngYLd4





Dans un autre style, mais avec le même sens de la grâce la portugaise Cristina Branco m'a séduit avec son album, pourtant un peu trop évident actuellement, intitulé Fado/Tango. Voix sublime et titres bien choisis pour cet itinéraire qui englobe Buenos-Aires, Paris et Lisbonne. Une nouvelle Cristina, plus femme fatale et séductrice semble y éclore. Le compas du tango semble donner ce chaloupement plus canaille à la mélancolie du fado et les textes de Baudelaire ou Brel nous invitent au voyage musical.
En écoute: http://www.youtube.com/watch?v=gPZYcLcshGk


lundi 18 juillet 2011

MY LITTLE PRINCESS





Le film de l'été qui a retenu mon attention est sans hésitation le seul que je sois allé voir: My little Princess! Inspiré de l'enfance de la propre réalisatrice Eva Ionesco, fillette exploitée par sa mère, l'artiste Irina Ionesco dont les photographies baroques et inquiétantes m'avaient déjà interpelé dans les années quatre-vingt. Cette mère fantasque et fantasmatique métamorphosa sa progéniture en une héroïne sulfureuse de Lewis Caroll, Balthus ou Nabokov en la faisant poser entre 4 et 12 ans dans des tenues glamoureuses et des attitudes trop érotiques.





Certaines de ces images trangressives rayonnent d'une beauté interdite et dangereuse: fillette sublimée ou gamine prostituée? la frontière est mince quand il s'agit d'une pratique aussi voyeuriste et directement fétichiste comme la photographie. Pour exorciser ses démons Eva Ionesco vampirise à son tour une jeune actrice éblouissante et prometteuse Annamaria Vartolomei qui a le physique de Lolita à la Bardot et le talent border-line d'Adjani, mélange explosif qui fera des merveilles certainement sur nos écrans dans les cinq ans à venir.





Face à cette petite émule de Brooke Shields, Isabelle Huppert, pourtant impeccable dans son rôle de mère indigne et fatale, passe parfois au second plan mais s'impose à notre souvenir grâce à ses tenues flamboyantes! Il n'y avait pourtant qu'elle pour jouer cette salope à paillettes et en faire une garce étoilée de plus dans sa constellations de rôles forts.




Le film qui navigue entre le conte de fée et le psychodrame, a ses moments flashants et ses lenteurs négatives mais l'exercice est réussi pour un premier opus. Il offre aussi l'occasion de rechercher quelques clichés de la méchante fée Ionesco dont presque personne ne se serait souvenu sans ce film: étrange manière pour sa fille d'expier ses démons d'enfant abusée en ressucitant leurs charmes et en répétant sur la petite actrice, avec on l'imagine plus de soin et de respect, les mêmes rituels sacrificiels du culte de l'image.

















PHOTOS by IRINA IONSECO