Le film de l'été qui a retenu mon attention est sans hésitation le seul que je sois allé voir: My little Princess! Inspiré de l'enfance de la propre réalisatrice Eva Ionesco, fillette exploitée par sa mère, l'artiste Irina Ionesco dont les photographies baroques et inquiétantes m'avaient déjà interpelé dans les années quatre-vingt. Cette mère fantasque et fantasmatique métamorphosa sa progéniture en une héroïne sulfureuse de Lewis Caroll, Balthus ou Nabokov en la faisant poser entre 4 et 12 ans dans des tenues glamoureuses et des attitudes trop érotiques.
Certaines de ces images trangressives rayonnent d'une beauté interdite et dangereuse: fillette sublimée ou gamine prostituée? la frontière est mince quand il s'agit d'une pratique aussi voyeuriste et directement fétichiste comme la photographie. Pour exorciser ses démons Eva Ionesco vampirise à son tour une jeune actrice éblouissante et prometteuse Annamaria Vartolomei qui a le physique de Lolita à la Bardot et le talent border-line d'Adjani, mélange explosif qui fera des merveilles certainement sur nos écrans dans les cinq ans à venir.
Face à cette petite émule de Brooke Shields, Isabelle Huppert, pourtant impeccable dans son rôle de mère indigne et fatale, passe parfois au second plan mais s'impose à notre souvenir grâce à ses tenues flamboyantes! Il n'y avait pourtant qu'elle pour jouer cette salope à paillettes et en faire une garce étoilée de plus dans sa constellations de rôles forts.
Le film qui navigue entre le conte de fée et le psychodrame, a ses moments flashants et ses lenteurs négatives mais l'exercice est réussi pour un premier opus. Il offre aussi l'occasion de rechercher quelques clichés de la méchante fée Ionesco dont presque personne ne se serait souvenu sans ce film: étrange manière pour sa fille d'expier ses démons d'enfant abusée en ressucitant leurs charmes et en répétant sur la petite actrice, avec on l'imagine plus de soin et de respect, les mêmes rituels sacrificiels du culte de l'image.
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