lundi 29 mars 2010

LA ROBE VERTE



"Atonement" de Joe Wrigth, psychodrame historique de très grande qualité, pour les yeux et pour le coeur des gentils cinéphiles.
Pour le plus puissant plan-séquence de la débâcle anglaise sur la plage de Dunkerque !!!!
Pour le plus beau duo de jeunes premiers britanniques (l'éblouissante Keira Knigthley et le séduisant James Mac Avoy)!


Pour une direction d'art et une photographie impeccables!
Pour le final avec Vanessa Redgrave qui rajoute une couche de finesse à l'ensemble!
Mais surtout pour la robe de l'héroïne Cecilia, "la plus belle robe de l'histoire du cinéma" selon un ami au gôut très sûr... bon n'exagérons rien, disons: la plus belle robe verte de l'histoire du cinéma, assurément!









TRAILER : http://www.youtube.com/watch?v=rkVQwwPrr4c

samedi 27 mars 2010

SODOME ET GOMORRHE


"N'étant jamais parvenus à la véritable maturité, tombés dans la mélancolie, de temps à autre, un dimanche sans lune, ils vont faire une promenade sur un chemin jusqu'à un carrefour, où, sans qu'ils se soient dit un mot, est venu les attendre un de leurs amis d'enfance qui habite un château voisin. Et ils recommencent leurs jeux d'autrefois, sur l'herbe, dans la nuit, sans échanger une parole."

Marcel Proust Sodome et Gomorrhe I




Peintures de Caillebote.

mercredi 24 mars 2010

LE NUMERO CHANEL



Mauvaise chanteuse de cabaret, demi-mondaine ingrate, nouvelle riche vernissée par l'avant-garde artistique, maîtresse d'un haut-gradé nazi durant l'occupation, ringarde et paria avant de redevenir la vieille gloire acariâtre du chic parisien... telle m'apparaît Gabrielle Chanel dont le parcours d' opportuniste froide et revancharde ne m'inspire aucune sympathie particulière.

Certes, dans un siècle d'écrasante domination masculine, il ne restait pas d'autres moyens aux femmes volontaires que l'arrivisme et l'ingratitude, saupoudrés d'un peu de talent et de beaucoup de nez. Chanel et d'autres encore surent user à la perfection des armes que ces messieurs daignaient leur reconnaître : un charme indéniable, un caractère bien trempé et un sens implacable de la revanche sociale. C'est de bonne guerre.




Cependant je m'incline très bas devant sa modernité, son sens de la ligne et de la sobriété, son flair et son regard visionnaire tout ce qu'on appelle son style et qui est d'une importance considérable dans l'histoire du vêtement féminin. Mais par décence qu'on ne me serve pas d'hagiographie sur Coco ni d'éloges lénifiants sur une Cosette qui finit par dormir au Ritz grâce au génie de quelques coups de ciseaux .

Tout son talent a constitué dans une pratique vindicative à l'endroit des grandes bourgeoises trop emplumées, trop corsetées, trop enrubannées et dentellisées de l'avant-guerre, qu'elle a su dépouiller de toutes leurs contraintes et parures vestimentaires, symboles de la puissance économique de leurs maris et de leur soumission à ceux-ci.

Les grands exploits de Coco? Etre indépendante, faire fortune, imposer une mode à l'austérité chic, inspirée des classiques masculins du sport-man anglais: la veste courte et cintrée, les chemises à col blanc, le jersey, le tweed, la marinière, le canotier... Sachant glisser avec intelligence et stratégie sur l'air du temps et les tendances de son époque, elle a trouvé les réponses que tous attendaient et sut s'imposer comme une référence. Chapeau mademoiselle!



Tout ceci est magnifiquement évoqué dans une biographie somptueusement illustrée, signée Edmonde Charles-Roux et publiée aux éditons de la Martinière.
Le film d'Anne Fontaine, "Coco avant Chanel"avec une Audrey Tautou assez convaincante qui a su troquer la moue ingénue d'Amélie pour la grimace mélancolique de la dure Coco, privilégie le récit d'apprentissage d'une orpheline devenue impératrice du luxe, et le mélo peu crédible de sa relation impossible avec son riche mécène anglais Boy. Il fallait une Coco qui lutte, aime et souffre pour séduire les foules du cinéma. Mais vraiment quel personnage ingrat et sec que cette femme! Tautou malgré son charme mutin a bien compris qu'elle devait incarner une emmerdeuse et y a réussi!
Le film, assez monotone et convenu, offre par ailleurs une direction d'art magnifique et viscontienne à souhait! La reconstitution des décors et costumes, la photographie y sont admirablement réussies, mais c'est la moindre des choses pour une production de ce niveau là. Les séquences à Deauville sont de fascinants tableaux du charme proustien des plages normandes et de la vie de palace.





J'attends de voir "Coco et Igor" avec la plus rugueuse et ambigüe Anna Mouglalis pour voir si l'on peut filmer sous une facette plus miroitante et tranchante le profil d'un diamant solitaire qui répond au nom de Chanel.


samedi 20 mars 2010

DU CÔTE DE CHEZ ZWEIG



Je suis allé faire un tour du côté de chez Stefan... comme on va visiter un vieil ami en étant sûr d'un accueil merveilleux. Ses petits romans et ses longues nouvelles laissent des bleus au coeur et on se demande qui a su mieux saisir les soubressauts de l'âme passionnée dans cette Europe de l'entre-deux guerres. Quel sommet que cette pensée européenne entre Vienne, Paris, Berlin... et quelle chute épouvantable dans un gouffre qui a dû paraître encore plus immensément sombre et obscur à la sensibilité si aigüe de Zweig, qui n'y survécut pas du reste malgré sa fuite au Brésil où il se suicida.



C'est à la faveur de la publication d'un inédit paru en 2009 que je reviens à lui avec bonheur et familiarité."Le voyage dans le passé" est du pur Zweig comme on l'aime: psychologue immergé dans les émotions, analyste passionné des sentiments, prosateur épousant les contours du temps et de la mélancolie.
La construction de cette nouvelle de 100 pages, à l'allemande, est un petit bijou de maîtrise narrative. On nous y rappelle combien le temps transforme l'amour et change les désirs, combien il est inutile de vouloir rattraper des fantômes. Les ombres d'Orphée et d'Ulysse traversent ce récit nostalgique, celui d'un impossible retour, celui du "Don't look back"...

Un homme aime une femme, leur amour est impossible, il voyage, il tente d'oublier et la retrouve dix ans après pour essayer de tout recommencer... une sorte d'éducation sentimentale à la Flaubert.




"Il n'est pas dans la nature humaine de vivre, solitaire, de souvenirs et, de même que les plantes, et tous les produits de la terre, ont besoin de la force nutritive du sol et de la lumière du ciel, qu'ils filtrent sans relâche, afin que leurs couleurs ne pâlissent pas et que leur corolle ne perdent pas ses pétales en fanant, ainsi, les rêves eux-mêmes qui semblent éthérés, doivent se nourir d'un peu de sensualité, être soutenus par de la tendresse et des images, sans quoi leur sang se fige et leur luminosité pâlit.C'est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu'il s'en aperçût..."




Les photos illustrant cet article sont extraites du magnifique film de Max Ophüls, tiré de "Lettre d'une inconnue" du même Zweig avec une bouleversante Joan Fontaine et un séduisant Louis Jourdan dans une réalisation toutes en finesse.



mercredi 17 mars 2010

ONE DORIAN



On imagine que le héros d'Oscar Wilde traverse le palais de la Belle et la Bête de Cocteau... royaume des faux-semblants, des apparitions, des métamorphoses.
Le Beau prince est aussi à ses heures obscures la Bête qu'on préfère avoir en peinture.



Fragments de la décomposition d'un visage...sur le lien suivant:

www.saintsebastien.blogspot.com

dimanche 7 mars 2010

NOIR C'EST NOIR



"J'aime l'autorité du noir,

sa gravité, son évidence, sa radicalité.

Son puissant pouvoir de contraste

donne une présence intense à toutes les couleurs

et lorsqu'il illumine les plus obscures,

il leur confère une grandeur sombre.

Le noir a des possibilités insoupçonnées

et, attentif à ce que j'ignore,

je vais à leur recontre."


PIERRE SOULAGES


VELOSO ELECTRICO


Le Caetano Veloso que j'aurais voulu écouter au Gran Rex de Buenos-Aires, c'est celui qui prend sa guitare, assis face à 3000 personnes et qui gratte sa bossa nova et ses sambas cançoes pendant une heure, avec sa voix délicieuse de fausset ou de chat ronronnant.
J'ai eu droit à ce moment de grâce durant une seule chanson "O que fazer?", heureuse parenthèse dans un show super éléctrique. Pourquoi s'entourer de trois jeunes musiciens impeccables mais sans présence, ni autre fonction que de servir une dose de riffs vitaminés et de batida juvénile au maestro bahiano? Pour se faire plaisir, pour jouer les Paul Mac Cartney brésilien avec des arrangements très swinging London, souvenirs psychédéliques de ses années d'exil. Le résultat? un récital plein d'énergie, d'inventions et de modernité certes mais qui me frustre un poquinho...
Je préfère le Caetano doce bahiano e barbaro, sans aller jusqu'au "Cururucucu" d'accord, mais avec cette dose de romantisme et de tropicalisme qu'il sait si bien servir. J'aurais dû aller le voir il y a deux ans avec son complice violoncelliste Jacques Morelembaum dont les arrangements plus classiques et subtils me touchent davantage que des solos de guitare électrique et adoslescente. Le Caetano que j'aime ressemble plutôt à ça, au souvenir lointain d'une réalité perdue :






mercredi 3 mars 2010

LE BEL ETE


A la recherche des premières apparitions d'Isabelle Adjani sur l'écran, je tombe sur un téléfilm de Nina Companez "Faustine ou le bel été" où encore adolescente elle campe déjà une écorchée vive capricieuse et révoltée...




Mais le téléfilm vaut le détour pour différentes autres raisons.
D'abord pour son intrigue à l'eau de rose dans un cadre bucolique qui fait s'entrecroiser de ravissantes jeunes filles aux larges chapeaux de paille avec des cerises en plastique dessus, des robes hippies-chic aux manches bouffantes parfaites pour se rouler dans l'herbe ou courir à travers les champs de blé et coquelicots. J'adore!




Ces demoiselles tout droit sorties d'un album érotique de David Hamilton luttent contre les effusions romantiques que leur inspirent de vieux beaux et quelques jeunes coqs du voisinage (parmi lesquels un séduisant Jacques Weber qui a été une fois jeune, mince, beau ténébreux et plein de retenue dans son jeu).



Ces vierges estivales reçoivent leurs prétendants au fond des bois, alanguies dans les clairières, au bord des rivières où une irrépressible envie de se baigner nues sous la pluie les saisit, ou encore mieux, dans leur chambre mansardée où seulement revêtues du voile de la moustiquaire, elles gémissent :" non, je ne ne veux...", en acceptant pourtant de brûlantes caresses.




Comment une telle sucrerie a-t-elle traversé les années? en se déconfiturant bien évidemment en une délicieuse et amusante guimauve qui ferait passer la pub "Belle des Champs" pour du cinéma d'auteur!



En vérité j'exagère et je dénigre un charmant petit film cousin des marivaudages ou miévreries à la Musset, comme on peut en savourer en cachette, façon plaisirs régressifs. C'est la fin de l'été, il reste des ardeurs juvéniles et des coups de chaleurs près des buissons...là où traînent les nymphes et les faunes du Midnightsummer dream.
En plus ces jeunes filles et ces damoiseaux sont charmants et la photographie générale du film est une grande réussite. Je ne trouve rien de plus séduisant que cette jeunesse, en été, au bord d'une rivière, qui rêve d'amour absolu, de premiers baisers ou plus encore..



Mais je m'empresse de rajouter comme la petite Isabelle dans l'extrait suivant que je ne suis pas un romantique attardé et que " je prends mon thé sans sucre!"

En tout cas, dans l'ombre d'Adjani, on aperçoit pour son premier rôle durant 30 secondes la petite Huppert sur un banc d'école ( n'est-ce pas largement suffisant?), on supporte les mines évanescentes d'une certaine Muriel Catala ( inconnue au bataillon sinon pour la série télé des Claudines de Colette) ou d'une Marianne - attention le pseudonyme arrive: Egerikx!!
Pour faire passer ces fruits trop confits, il fallait un bonboncito et caramelito avec lequel s'étouffer un peu... Francis Huster dans sa petite vingtaine et sa grande beauté, la plus parfaite illustration du jeune premier romantique .
Attention festival de Francis....






lundi 1 mars 2010

NOSSA SENHORA E A JOVEM APARECIDA


Notre Dame da Bahia, la grande Maria Bethania a sorti deux CDs l'an dernier, l'un très romantique TUA et le second Encanteria consacré à des thèmes issus du domaine public, chants afro-bresiliens, sambas cançoes traditionnels, fonds folklorique du nordeste... Un enchantement oui, que cette musique rituelle et festive servie par des arrangements très simples, toda feita na Bahia.

http://www.youtube.com/watch?v=xrP9JGH-
Et la petite dernièrement apparue, c'est la lolita enfantée par Internet et le buzz de 4 millions de visiteurs sur son Myspace, Mallu Magalhaes. Avec sa petite voix douce et éraillée, elle sert une musique folk et MPB, passant nonchalamment de l'anglais au portugais, avec suffisamment de grâce et de précocité pour retenir l'attention. On la range du côté des Feist, Lily Allen ou Camille mais elle me rappelle aussi la regrettée Blossom Dearie avec sa tonalité d'innocence perdue. Une garota à suivre...