Un film pareil est, sur le plan moral, impensable aujourd'hui .
Certes il fit scandale en son temps, mais il fut distribué, diffusé et figure désormais parmi les oeuvres majeures de cette époque d'audace et d'expérimentations artistiques.
Le film questionne, dérange, choque, c'est le rôle de l'artiste en fait, et surtout fait réfléchir et penser autrement. Le scandale n'y est pas du côté que l'on croit. Pas du côté de l'inceste ou de la représentation crue de l'éveil sauvage et déréglé à la sexualité. Mais plutôt dans la violence de la répression bourgeoise et l'hypocrisie qui y sont systématiquement dénoncées.
Quand on passe en revue "les travers moraux" ( expression horripilante, mais que dire?) qui apparaissent dans chaque scène du film, on hallucine: masturbation compulsive et collective, prostitution organisée, abus de mineurs, adultère, parents indignes, vol, mensonge, dépravation, alcoolisme, amitiés particulières, pédophilie, et l'inceste pour couronner le tout!
Louis Malle y est allé très fort sachant que le scandale, s'il est accompagné de talent et d'une vraie réflexion, est un passeport pour la gloire, si éphémère soit-elle.
Mais en fait de compte son film est aussi inspiré par Freud, Proust ( multiples évocations directes!), Mann, Musil, Cocteau et tous ceux qui se sont penchées sur la triste et absurde éclosion de l'âme adolescente.
Une grande liberté et un grand coeur souffle sur cette oeuvre admirablement jouée par le jeune Benoit Ferreux et par l'irrésistible Léa Massari, magnifique mére dévoreuse, Médée sensuelle et non repentie, héroïne solaire et tournée vers l'amour et la vie.
Voilà ce qui sauve l'enfant et le film.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire