samedi 15 mai 2010

DANS LE SILLAGE DU MARIN


Je préfère les marins de Cocteau dans le livre blanc, ou ceux de Jaques Demy qui passent en arrière-plan dans les rues de Nantes, Rochefort, Cherbourg... que le marin Querelle de Genet dont Fassbinder a fait une icone un peu facile et racoleuse.
Buenos-Aires étant un port on pourrait rêver d'y croiser fréquemment ces figures maritimes aux beaux uniformes et aux charmants pompons... Comme il n'en est rien, j'ai décidé d'en faire sortir un de ma casquette de capitaine Ad Hoc! et le voilà, dans les rues de la Boca qui cherche un embarcadère...



Occasion de poser ici un de mes poèmes préférés, celui du rioplatense et français Jules Supervielle.


"Serai-je un jour celui qui lui-même mena
Ses scrupules mûrir aux tropicales plages ?
Je sais une tristesse à l'odeur d'ananas
Qui vaut mieux qu'un bonheur ignorant les voyages.

L'Amérique a donné son murmure à mon coeur
Encore surveillé par l'enfance aux entraves
Prudentes, je ne puis adorer une ardeur
Sans y mêler l'amour de mangues et goyaves.

N'était la France où sont les sources et les fleurs
J'aurais vécu là-bas le plus clair de ma vie
Où sous un ciel toujours vif et navigateur
Je caressais les joncs de mes Patagonies.

Je ne voudrais plus voir le soleil de profil
Mais le chef couronné de plumes radieuses,
La distance m'entraîne en son mouvant exil
Et rien n'embrase tant que ses caresses creuses."


Jules Supervielle (1884-1960), Débarcadères




pPlus de photos sur: www.saintsebastien.blogspot.com

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