
Moi, le vibrato de Sanson agit comme un archer sur mon coeur, et ses graves me tordent les boyaux, ses aigus me laminent, tout me fait souffrir avec extase dans sa voix. Portée ici par l'orchestre au grand complet, dirigé par Jean-Claude Vannier, compositeur des meilleurs moments de Gainsbourg, le romantisme est fulgurant et imparable, à se rouler par terre, dans l'obscurité en chantant comme une casserole cabossée!On y trouve aussi une reprise d'un vieux thème de Bruant " A Saint -Lazarre" d'ailleurs repris par Barbara qui est une émouvante lettre d'amour en argot chantée par une détenue à son mac qui fait des siennes en ville.

Je trouve extraordinaire qu'une artiste comme Sanson ait su imposer dans l'univers édulcoré de la variété des années 70, ses chansons si pleinement douloureuses et émotionnelles, servies par des vers d'un lyrisme de poète maudit. C'est beau et revigorant cette impudeur dans le mélodrame, ces effusions sentimentales, cette rage, cette passion. Je n'admire rien de plus chez un artiste que cet art d'être excessif et d'avancer le coeur offert. Sanson est la dernière des chanteuses sombres et affectives de la chanson française. (Damia, Fréhel, Piaf, Barbara, Dufresne, Ringer) Après elle je crains qu'on ne chante plus que la mièvrerie des passions consuméristes et des chansonnettes spirituelles. Faut que ça saigne quand même un peu!

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