samedi 23 janvier 2010

LE DANDY DE DOLTO

"Solitaire et singulier" c'est ainsi que Françoise Dolto définit le dandy selon la plaquette publiée au Mercure de France et qui propose en couverture une photo de l'argentin COPI ( histoire de me faire un clin d'oeil ?) Il s'agit d'un texte aussi court que remarquable ! Celle-ci se penche sur "cette figure de proue de la modernité" après Brummel, Baudelaire et bien d'autres, pour en dégager de grandes lignes, à contre-courant de l'opinion qui fait du dandy un élégant raffiné et superficiel limité aux éclats esthétiques .




Les citations qui suivent permettront de comprendre combien Dolto souligne l'aspect éthique et transcendental de la posture du ou des dandies. Inventeur de lui-même et épris de singularité, il incarne la figure du solitaire et de l'artiste, du marginal sublime et de l'éxilé volontaire du monde des communs. La dimension tragique du dandy n'échappe pas à Dolto qui voit en lui une figure de saint ou de martyr, une flèche tendue vers un absolu, vers Dieu ou un idéal qu'il essaie d'attendre dans les feux artificiels de l'art, de la pensée ou de l'attitude. La mort, couronnement suprême, apparaît comme une traversée du miroir devant lequel le dandy ne cesse de se dévisager.





Le plus extraordinaire dans ce texte publié dans une revue très mondaine de croisière de luxe sur la demande du peintre performeur Georges Mathieu, c'est le style ciselé, fulgurant dans la formule et ne ratant jamais sa cible que déploie la psychanalyste, qui en bonne lacanienne, entretient avec le langage et sa dimension poétique une relation complice. Dolto s'interroge sur une version féminine du dandisme? par son écriture éblouisssante et sa quête pointue de la vérité, elle s'affirme elle-même comme une figure d'un dandisme inédit et hors genre, à réinventer à chaque instant.





"Attiré, attirant, fait pour séduire, il sent sa tête trop lourde, sa peau trop fine, ses membres étrangers à l'étreinte. "


"Le miroir est pour le dandy le maître intransigeant de ses écarts. "


"Amant de la seule véritable beauté de la forme, il dresse son dard contre la bêtise des larves processionnaires humaines."


"Flèche inexorable au fulgurant tracé, tel est le dandy [...] c'est au coeur même de Dieu qu'il doit atteindre, flèche de désir, c'est au coeur de Dieu qu'il doit ficher son cri."





1 commentaire:

St Loup a dit…

Bienvenus les commentaires! Surtout pour te dire que j'ai adoré ce billet!