Photographies de Sébastien Paul Lucien
dimanche 24 février 2013
mardi 19 février 2013
COCTEAU À LA VILLA NOAILLES
Promenade et visite poétique de la belle VILLA NOAILLES sur la Côte d'Azur où séjourna Cocteau invité par son excentrique amie et mécène, amoureuse de lui depuis l'enfance, Marie-Laure de Noailles.
(article wikipedia)
"La villa Noailles, construite en 1923 à Hyères est l'œuvre de l'architecte Robert Mallet-Stevens. Commandée par Charles, vicomte de Noailles et sa femme Marie-Laure de Noailles, mécènes et amis des grands noms de l'art moderne comme Man Ray, la villa est l'une des premières constructions françaises de style moderne.
Elle est représentative des principes du mouvement rationaliste, par sa recherche d'une luminosité maximale, la fonctionnalité de l'habitation et son économie décorative.
Dans sa correspondance avec l'architecte, Charles de Noailles précise : « Je ne pourrais jamais supporter quoi que ce soit dans cette maison ayant un but seulement architectural et je cherche une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l'utilité ". Sa construction comme sa décoration firent appel aux artistes les plus renommés de l'époque comme Mondrian, Francis Jourdain, Sybold Van Revenstain, Theo Van Doesburg, etc. Elle fut successivement agrandie jusqu'en 1933, pour atteindre 1 800 m2, avec piscine, squash et gymnase privés. C'est le premier exemple d'une piscine privée couverte en France.
Sur la colline du vieux château dominant la ville d'Hyères, la villa comporte également un grand jardin méditerranéen planté par le vicomte de Noailles, complété par un jardin cubiste de Gabriel Guevrekian en 1925. La villa Noailles devint le rendez-vous de l'avant-garde artistique : Giacometti, Cocteau, Picasso, Dali, Bunuel et Man Ray qui y tourna en 1928 son premier film Les Mystères du Château de Dé.
Vendue à la municipalité en 1973, la villa, inscrite en 1975 et 1987 aux monuments historiques, après une longue période d'abandon et de détérioration, a été restaurée en plusieurs étapes par les architectes Cécile Briolle, Claude Marro et Jacques Repiquet, pour devenir un centre d'art et d'architecture en 1996 (expositions temporaires d'art contemporain : arts plastiques, architecture, design, photo ou mode)."
On y trouve hélas peu de meubles et d'objets de cette époque glorieuse car la demeure est restée abandonnée après la mort de sa propriétaire dans les années 70 et le mobilier de grande valeur fut vendu et disséminé chez les collectionneurs de design. Mais on peut se consoler avec un très intéressant parcours muséographique de documents, photographies et dessins retraçant les belles aventures artistiques de ce couple original et touche-à-tout.
Marie-Laure de Noailles
Les Noailles au bal proustien
Outre de très rares dessins de Jean Cocteau se révélant à l'ouverture des placards vitrines des chambres d'ami, le souvenir du film "Le sang d'un poète" produit par les Noailles y occupe une place particulière.
Lee Miller
Libellés :
Jean Cocteau le sang d'un poète,
Villa Noailles
jeudi 14 février 2013
EROS À POMPEÏ
Qui mieux que Pascal Quignard dans son ouvrage "Le sexe et l'effroi" a jamais fourni plus fine analyse des "fascinantes" fresques qui ornent les murs des villas de la région de Pompéï ?
Extraits choisis d'un entretien de l'auteur pour Gallimard et scènes romaines à l'érotisme brulant et funèbre où s'explicitent et se racontent tous les mystères du mythe le plus archaïquement et fraîchement fixé en nous, celui de la sexualité.
"Au départ, je voulais m'intéresser à un peintre grec, Parrhasios. Il vivait à la fin du Ve siècle avant J.-C. et était donc contemporain de Socrate. On le connaissait sous le surnom du Pornographe, car il a été le premier à peindre des tableaux dans les maisons de prostitution. En revanche, on n'a conservé aucune peinture de lui. Mais de nombreux textes se sont accumulés, d'autant que l'empereur Tibère collectionnait les peintures de Parrhasios. On raconte même que Tibère, tombé malade à force de contempler ces peintures libidineuses, fit venir de Palestine sainte Véronique avec le portrait de Jésus…"
"J'ai découvert que, contrairement à ce qu'affirmait, par exemple, Georges Bataille dans Les Larmes d'Éros, il existe d'énormes différences entre l'érotisme joyeux, le culte du corps, en Grèce, et l'érotisme de plus en plus effrayé, de plus en plus fasciné, du monde romain."
"En reprenant les textes, je me suis aperçu que le mot phallus n'est jamais employé en latin. Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. Du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperator. De là découle également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et de la fascination."
"Toutes ces fresques sont des peintures de l'instant qui précède la mort. Par exemple, il existe une petite fresque qui représente deux enfants et une femme tenant une épée : c'est l'instant où Médée va tuer ses deux enfants, qui jouent avec des osselets, c'est-à-dire les ossements qu'ils vont devenir. Ensuite, les textes racontent qu'elle va non seulement les mettre à mort, mais qu'ensuite, avec son épée, elle va fouiller son propre sexe pour détruire tout reste possible d'une génération éventuelle de l'homme qu'elle a aimé et qui l'a trompée. Tout cela est lié à la religion romaine primitive, qui est un culte de la mise à mort, et à l'horreur de la passivité sexuelle. Tout ce qui est actif, tout ce qui fait lever le fascinus, est hautement noble. Tout ce qui est passif est puni de mort."
"Cette vision du monde romain est nouvelle et paradoxalement parce qu'on n'a jamais cessé d'étudier le latin, de l'enseigner aux enfants : on a donc bien sûr expurgé tout ce qui était licencieux. D'où cette confusion durable entre monde grec et monde romain. Il s'agit donc d'une découverte à laquelle je ne m'attendais pas. Je croyais les Romains rudes, brusques, mais je ne les aurais jamais imaginés aussi inventeurs de mélancolie, de dégoût, d'horreur et de puritanisme. Les pères en robe noire du christianisme n'ont fait que saisir le relais que leur tendaient les pères en robe blanche du sénat."
Libellés :
affresco,
érotique romain,
fresques Pompeï,
le sexe et l'effroi,
Pascal Quignard
jeudi 7 février 2013
MON FRÈRE LOTI
"Eternel angoissé, désenchanté perpétuel, il voulut vivre toutes les existences, connaître tous les mondes - vieil enfant inquiet à la recherche de son enfance perdue, séducteur mélancolique qui n'aima à travers toutes les femmes que sa propre féminité, égoïste et pourtant généreux, brûlant mais de la brûlure de la glace, athée sans cesse à la recherche de Dieu, incroyablement simple mais infiniment complexe, insupportable mais attachant ô combien..."
Claude Gagnière - "Loti ou le désenchantement"
Pierre Loti est un écrivain qui suscite chez moi curiosité et embarras. Sa vie singulière, contrastée de drames et de fantaisie, excite mes fascinations pour la vie aventureuse, l'exotisme façon dix-neuvième siècle, la sensualité marine ou orientale, le goût des passions bigarrées pour les beaux corps et les beaux objets. Par ailleurs, peu de ses romans dans leur ensemble et leur esprit ne retiennent finalement mon attention. Je les traverse comme des mers étales à un rythme de croisière, malgré les épisodes tempêtueux et dramatiques. Quelques passages toujours pittoresques et dépaysants égayent ma lecture, mais son style tantôt précieux, tantôt journalistique ne réussit pas complètement à me convaincre. Frappé des modismes de son temps, Loti qui fut la coqueluche littéraire de la 3ème République, garde un style trop daté et fatalement mal vieilli , qui même s'il fait son charme particulier, ancre son oeuvre dans le suranné. Loti c'est l'albatros baudelairien échoué sur le pont de la postérité littéraire.
"Mon frère Yves" résiste un peu à ce jugement par la charge de non-dit qui électrise de nombreux chapitres. Yves Kermadec, le beau marin breton par excellence (voir dessin de Loti plus haut) est le gabier de hamac du narrateur, un officier très protecteur qui le considère comme son cher "frère". On nage dans la "bromance" ( brother's romance) jusqu'au cou ! Ce fieffé matelot est un brave gars très brutal, alcoolique récidiviste, borné et autodestructeur, dont la belle taille et les sombres tatouages enchantent notre raffiné conteur toujours prêt à le couver, le sauver, et le suivre jusque dans les armoires à lits de sa rurale famille. C'est une belle histoire d'amitié inconcevable où la sublimation sexuelle érige le beau marin en figure archétypale du héros maritime et breton.
Episodes sur mer alternent avec quelques escales dans des ports sordides ou des campagnes idéalisées que traversent quelques bigoudènes égarées qui ne viendront jamais troubler l'équivoque liaison des deux frères d'aventures.
L'évocation d'une Bretagne ancestrale avec ses chapelles, ses fermes, sa lande et ses falaises au crépuscule offrent de magnifiques tableaux à la Gauguin et les plus belles pages du récit par ailleurs répétitif et lassant. On tourne en rond dans un cercle trop peu vicieux. On attend que quelque chose glisse et dérape. Cette sensualité qui affleure à la surface, tendue comme une corde, offre finalement une belle tension érotique au roman. L'impossibilité de l'étreinte sensuelle et de l'aveu amoureux confère une vibration émouvante au style et retient toujours le lecteur au port de la bienséance. On rêve d'une réécriture non censurée de "Mon amant Yves" ? Ce serait un récit certainement fade et à lire d'une seule main. "Marins, amis, amants, maris" comme dans un film de Demy, le marin habite le souvenir de l'auteur et le fantasme du lecteur, et c'est sûrement bien mieux ainsi...
mardi 5 février 2013
LA CHAMBRE DE GIABICONI
"Il semble que d'avoir de nos semblables une opinion pénétrante, impartiale et totalement juste soit complètement impossible. Ou bien nous sommes des hommes ou bien nous sommes des femmes. Ou bien nous sommes froids, ou bien nous sommes sentimentaux. Ou bien nous sommes jeunes, ou bien nous prenons de l'âge. Dans tous les cas la vie n'est qu'un cortège d'ombres, et Dieu sait pourquoi nous les serrons avec tant d'ardeur dans nos bras, et les voyons s'en aller avec tant d'angoisse, s'agissant d'ombres. Et pourquoi, si cela ou bien plus que cela est vrai, pourquoi sommes-nous encore surpris au coin de la fenêtre par la révélation soudaine que le jeune assis dans le fauteuil est au monde ce qu'il y a de plus réel, de plus consistant, ce que nous connaissons le mieux -pourquoi vraiment ? Car l'instant d'après nous ne connaissons rien de lui.
Telle est la manière dont nous voyons. Telles sont les conditions de notre amour."
VIRGINIA WOOLF " La chambre de Jacob"
Photographies de Baptiste Giabiconi par Karl Lagerfeld
Libellés :
Baptiste Giabiconi par Karl Lagerfeld,
Virginia Woolf
Inscription à :
Articles (Atom)