lundi 15 juin 2009

"L'OBJET DE TON AMOUR N'EXISTE PAS"




" QUOD PETIS, EST NUSQUAM" ainsi s'exprime Ovide à propos du mythe de Narcisse dans "Les métamorphoses". C'est Julia Kristeva, sémiologue, critique littéraire et psychanalyste des âmes et des auteurs, qui me ramène à ce thème passionnant du narcissisme dans son essai "Histoires d'amours". Evoquant le mythe dans le cadre d'une réflexion sur l'idéalisation du Moi et du Moi dans l'autre idéalisé, elle démontre combien le complexe narcissique est fondateur de notre vision occidentale de l'amour, et donc de l'échec de l'amour, "le vertige d'un amour sans autre objet qu'un mirage". Je livre ici des morceaux choisis de cette lecture qui peut-être inspirera certains à se pencher sur l'eau miroitante de leurs passions! ( attention : tendance critique- psychanalysante totale!)




"L'objet de Narcisse est l'espace psychique; c'est la représentation elle-même, le fantasme."


"La solitude tragique et mortifère de Narcisse est devenue [...] une apologie du seul à seul."

"Laissé à lui-même, sans le secours de la projection sur l'autre, le Moi se prend soi-même pour cible privilégiée d'angoisse et de mise à mort."

"Le nouveau monde est hainamoureux. Ceux qui le regardent en face ne sont ni croyants, ni idolâtres, ni adeptes, ni fidèles, ni déçus. Seul à seul, narcisse se sait indépassable, mais sans se frapper, il bâtit des amours provisoires, arachnéennes, limpides. S'il traverse des passions ou des crépuscules, il n'est ni dramatico-romantique, ni fébrilement pornographe, ni malheureusement déçu."







Et sans jamais oublier le mélancolique!

"L'attitude désabusée du bel esprit (mélancolique) est sans doute une forme atténuée de ce mal qui démystifie sagesse, beauté, style et éros. Incapable de maintenir longuement une forme ou un objet de désir, le mélancolique les abîme aussitôt que posés, et se dissout lui-même dans cette griserie sans maintien."

"Insolubles, dramatiques jusqu'au moment même de l'extinction du drame, nos amours ne nous laissent que la solution dite perverse : passer de l'abject au sublime, goûter à la gamme des peines et des délices, garantie suprême contre l'ennui."






1 commentaire:

St Loup a dit…

Tu sais combien ce livre que tu m'as gentiment cédé m'a servi. Merci beaucoup, à toi et à Kristeva.