vendredi 16 octobre 2009
ALIDA VALLI E SENSO MA NON TROPPO
SENSO de Luchino Visconti, l'exemple du mélodrame flamboyant ( sous fond de vaudeville très Mme Bovary chez les nobles italiens). L'académisme et l'esprit décadent sont au service de l'histoire, de la description psychologique et de l'esthétique générale. Le travail des décorateurs, accessoiristes, costumiers, dirigés par le goût impeccable de Visconti est saisi par une photographie très picturale qui confère à cette oeuvre une beauté spectaculaire et inquiètante. On note la participation de Tennessee Williams et Paul bowles aux dialogues en anglais!
Le teatrum, opera mundi, si cher à Luchino qui a grandi dans le rouge et or de la Scala et a monté des opéras dans les théâtres les plus prestigieux d'Europe. C'est au théâtre que la Comtesse Serpieri fait la connaissance du bel officier autrichien, Malher, du nom d'un des compositeurs préférés du réalisateur ( repris dans Mort à Venise).Ce soir-là, à la Fenice à Venise on joue Le Trouvère de Verdi qui remet en jeu l'affrontement Italie/autriche dans un jeu de miroirs très viscontien.
Alida Valli, la diva tragique des années 50 trouve ici un rôle à sa démesure. Sa décadence est vécue sur un mode mélodramatique, genre auquel Visconti s'abandonne avec délice. La figure maternelle du cinéaste milanais est parfaitement évoquée à travers l'allure altière et les voilettes dont est parée cette femme sublime, qui si elle dissimule son visage sous la tulle, met son coeur à nu et expose sa condition à toutes les imprudences de la passion.
Le raffinement de certains plans est sidérant! Le décor se charge d'une fonction hautement ornementale mais toujours très symbolique: réflection de l'objet de la passion dans une rêverie de bibelots de porcelaine vite brisée. Malher, officier décoratif se confond avec le mobilier,fantaisie allemande d'une reine d'Italie... Fantasme et fantôme d'une hallucination érotique il se confond avec les miroirs du narcissisme de la comtesse, fascination mortifère qui l'engloutira.
Cacher son amant dans le silo à grains, celui-là même qui vient comme un rat lui soutirer de l'argent... Frustration, arrivisme, lutte des classes et lutte des désirs, les transgressions seront fatales aux deux protagonistes et chacun mourra fusillé par sa disgrâce.
Farley Granger, le bellâtre veule et opportuniste. L'acteur joue avec un cynisme assez convaincant mais rarement nous le voyons tel que la comtesse devait le voir: une crapule en uniforme, "un beau salaud oui mais un si beau salaud."
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