dimanche 8 août 2010

TATOUAGE



Plusieurs raisons pour aimer la dernière création du génial Alfredo Arias "Tatuaje" enfin présentée à Buenos-Aires dans sa langue et folie originales:
- le titre est emprunté à un sirupeux boléro entre autres interprété par la diosa Sarita Montiel
- l'action est centrée sur la vie de Miguel de Molina, flamboyant chanteur de coplas persécuté par le franquisme pour être trop rouge et trop rose à la fois dans une époque qui n'aimait que le noir



- l'autre protagoniste de l'oeuvre est Evita del sur, alias Peron, protectrice de Molina refugié en Argentine, et Arias traite cette figure nationale avec une tendresse mêlée de cruauté qui peut faire grincer certains dentiers dans la salle
- les costumes somptueux sont signés par l'impeccable Pablo Ramirez qui s'affranchit parfois outrageusement de sa récente vocation à la couleur noire


- la scènographie minimaliste, trois chaises, est une démonstration magistrale du principe less is better : toutes les ressources gestuelles, scèniques, lumineuses sont exploitées avec tant de précision et invention qu'on pense assister à une méga-production.
- les interprètes Sandro Guida, Alejandra Radano et Marcos Montes sont des artistes de haute voltige vocale, capables de passer d'un genre à l'autre ( coplas, bolero, tango, jazz, pop...) avec une aisance et une justesse jubilatoires
- Carlos Casella transfuge du groupe El descueve illumine la scène à chacune de ses prestations: sa voix enchante littéralement le public, on tombe amoureux dès la première note.

- l'humour acide et queer inonde chaque réplique, quitte à désarçonner parfois le public de paisibles retraités peu coûtumiers du registre "mariconadas" au 33ème degrés, mais ça fonctionne jusqu'à la standing ovation


- la mélancolie et le mélodrame font partie de la fête, et la sensibilté de Arias, clown triste et maniéré, évoque un croisement entre Buster Keaton et Manuel Puig


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