samedi 4 avril 2009

ICONOGRAPHIE ROMANTIQUE


Quand l'actrice française la plus romantique du 20ème siècle rencontre le roman emblématique de la génération de 1830, on est en droit de s'attendre à un choc des titans. Rien de cela avec l'adaptation cinéma de "Adolphe"que Benoit Jacquot réalisa en 2004 avec Isabelle Adjani dans le rôle de Ellénore. Qui mieux que celle qui donna son visage inaltérable et sa voix déchirée à des héroïnes comme Adèle H ou Camille Claudel, pouvait habiter cette oeuvre consacrée à la passion sans issue, au sacrifice amoureux voué à l'échec et à la mort?




Sur ce plan Adjani s'impose avec l'éclat de son visage lunaire et de sa grâce aristocratique. Certes à 50 ans incarner une jeune femme de 30 relève de l'inconscience ou du miracle chirurgical, et Isabelle répond au deux avec génie. Si la sculpture de soi est une attitude romantique, Adjani en perfectionne l'art jusque dans ses traits. Jamais on n'avait vu depuis Garbo ou Dietrich pareil visage de statue. A cela, elle joint un talent d'interprétation que personne ne lui a jamais nié. Elle est la femme sublime, brisée, la figure passionnée et errante de l'amour fou, la muse mélancolique et un peu toquée sortie du rêve d'un Baudelaire. Qui reprocherait à une actrice d'être au bord de la ligne de la déraison quand précisement il s'agit dans cet office de l'interprétation, de s'alièner avec génie et transgresser les limites qui vous séparent d'un personnage. Adjani abolit ces frontières entre elle, dont l'existence regorge par elle-même de substance romantique ( mystère, beauté, décadence et intensité dans le don de soi) et les rôles qu'elle habite, ou mieux qu'elle hante.
Dans ce film de Jacquot aussi froid et lisse que les neiges de Pologne où l'action s'achève ( où est la flamme ardente des enfants du siècle?) Adjani est la seule qui captive et s'embrase progressivement pour atteindre des incandescences dans lesquelles on l'attend toujours et où elle fascine.


Cette silhouette de femme trahie qui erre dans des paysages glacées, qui trébuche sur des pavés gelés avec dans les yeux hagards ce miroitement de la souffrance amoureuse, c'est la poésie du 19ème siècle dans son essence même. Evidemment aujourd'hui ça fait sourire. Mais avec le temps toutes les passions ne semblent-elles pas définitivement risibles. Reste à savoir...




On oublie pas le joli Stanislas Merhar qui fait de son mieux à côté du monstre...

Insolite, la bande annonce pour le japon!

http://www.youtube.com/watch?v=d4FcTTIaKqI

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