jeudi 16 juillet 2009
ETREINTES LITTERAIRES
Dans la paresse et la chaleur estivales, lire est une activité à la fois rafraîchissante et tonique.C'est avec délectation que je parcours, comme on gambade, le « Dictionnaire égoïste de littérature française » de Charles Dantzig. L'auteur, lecteur vorace, réagit avec érudition, finesse et un certain sens de la provocation, aux oeuvres majeures ou méconnues de la littéraure française, disserte avec ironie ou passion sur des auteurs phares ou plus obscurs ou encore analyse avec une légèreté feinte des thèmes littéraires et des questionnements de fond sur l'art d'écrire. C'est brillant, iconoclaste, irrévérent et très instructif.
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Morceaux choisis:
« Colette est un ventre. En un mot elle est dégueulasse. L'instinct, le lascif, le genre femelle, le gourmand succèdent au mutin, ces pages pareilles à des draps froissés tachés de semence ou de croissant au beurre. »
« Yourcenar meuble ses livres en style Louis XVIII. Antithèses, douches de points-virgules, imparfaits du subjonctif appliqués, latinismes, périodes. Ses roman sont froids comme une maison de campagne un vendredi soir de Février. »
« Gide est un chat. Contemplatif. Sans coeur. Non qu'il soit méchant, il est neutre. Presque ataraxique. »
Sur les dandies: « Ils ont une revanche de chic à prendre. Le dandysme est fils de la honte. Elle fait les dandies se hisser sur les talonnettes d'un génie imitatif qui se croit singulier. Ce sont des originaux stériles et je connais peu de sorts plus tristes. Ayant accédé à la panoplie, ils sont généralement incapables de rien d'autre. »
Autre lecture à laquelle je me rends tardivement faute de fréquenter les librairies françaises, celle de l'américain Daniel Mendelsohn qui signe « L'étreinte fugitive » titre magnifique dont on a beaucoup parlé l'an dernier. Il s'agit d'une sorte d'essai autobiographique, de récit introspectif sur « la grammaire de l'identité ». Helléniste, descendant de juifs persécutés et émigrés aux Etats-Unis ( voir Les disparus prix Médicis 2007 du roman étranger), gay de Chelsea, francophile en exil, cela fait pas mal de marques distinctives de la marginalité ou de signes d'élections, c'est selon...
Ainsi l'ouvrage décline tous ces thèmes bien éclectiques mais bien mis en écho, le goût pour les langues anciennes, la culture du ghetto ou de la communauté, les morts exhumés et les garçons désirés, la paternité, les histoires de famille ou de cul, le sexe et la mort.. C'est parfois ennuyeux (l'incipit est assommant de même que la généalogie familiale), parfois passionnant pour l'ex prof de lettres classiques qui dortprofondément en moi( les analyses étymologiques grecques, la réflexion sur la tragédie, les rapports établis entre l'amour de l'antiquité et l'amour des garçons) parfois bouleversant ( la réflexion sur soi, sur le « connais-toi toi même », l'angoisse du désir, des fantômes familiaux, le souci de la postérité avec l'enfant adopté...). On sent que Mendelsohn s'adresse de manière pédagogique à un public américain, dans ses explications un peu basiques, même si son lectorat doit surtout être français. Il parle beaucoup de rencontres sexuelles furtives; de collections de corps musclés et de visages, mais trop allusivement de sentiments et d'histoires d'amour. Peut-être réserve-t-il cela pour un troisième opus? Celui qu'il annonce est consacré à son amour pour la France, qui le lui rend bien.
Morceaux choisis:
« Etre quelqu'un qui désire l'amour, mais aime aussi le désir. »
« (les bars de rencontre sexuelle) ...dans ces endroits, vous pouvez connaître des plaisirs païens, les plaisirs de la vanité et de la multiplicité , le plaisir à chercher le visage qui hante votre imagination, flottant au loin, au bord des choses, le visage de la beauté et de l'impossibilité, celui dont vous savez que vous ne pouvez pas tout à fait l'avoir, à l'instant même où vous cherchez à l'atteindre, traversant les corps qui vont avec les visages, retombant sur vous-mêmes, encore et encore. »
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