C'est chez "Sylvie coiffure" le salon de mon village où ma mère me conduisait pour perfectionner ma coupe casque à la Mireille Matthieu puis ma mèche folle à la Hervé Vilar, que j'ai découvert ce qu'on nomme aujourd'hui la presse people, sous l'enseigne de la mythique revue "Jours de France". Là dans les odeurs de laque Elnett et les bruits de bacs à shampooing, je prenais conscience de l'existence d'un univers au-délà de la vie du village, où des créatures impeccables inauguraient leurs nouvelles maisons, triomphaient à l'étranger, et vivaient des hstoires d'amour aussi improbables qu'éphémères. Les portraits des couvertures étaient toujours immenses et non pollués de titres, les visages déployaient leurs charmes au-dessus d'un nom, un prénom suffisant parfois avec ses résonnances mantriques ( Sylvie, Sheila, Caroline...) et les chanteuses, actrices ou princesses semblaient suspendre leur vol, ouvrir leurs grands yeux étonnés ou mélancoliques pour interroger au coeur des salons de coiffures et des salles d'attente médicales, le destin frustré de la provinciale mariée et vivant dans un HLM.
Grâce au site de vente de journaux anciens j'ai pu retrouver les numéros des années 70 des "Jours de France" aujourd'hui disparus.
http://journaux-anciens.chapitre.com/JOURS-DE-FRANCE/1973.html
Il faut d'abord remarquer que la sainte trinité des stars faisant la une sont Sylvie Vartan, Mireille Matthieu et Sheila, vedettes éminemment populaires alors et aujourd'hui gloires éteintes ou décadentes. Il est amusant de voir aussi que certaines stars des années 7O ont incarné l'esprit d'une époque et sont restées confites dans leur temps sans jamais pouvoir détacher leur image de la mélasse des années Giscard.
Je note la présence récurrente de l'actrice phare et intello-romantique d'alors, la superbe Dominique Sanda alors égérie des metteurs en scène les plus courus au cinéma comme au théâtre. Qu'est-elle devenue? et bien elle vit près de chez moi à Buenos-Aires depuis une bonne douzaine d'années, mariée à un philosophe porteño. Elle se commet dans quelques productions locales, je l'ai vue l'an dernier dans une oeuvre de Manuel Puig jouant une infirmière persécutée par une malade. Elle est toujours rayonnante et magnétique.
Enfin on peut se poser la question essentielle: quelles dames de France ont survécu à la tempête des années et règnent toujours en souveraines inaltérables? les plus rusées, les plus calculatrices? Celles qui ont su sortir du temps et se fixer dans le ciel imperturbable des icones? Quel est donc le secret des dames du temps jadis qui sont aussi des "femmes actuelles"?
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