Il suffit parfois de lever la tête dans son propre appartement pour découvrir quelque chose d'intéressant. De regarder d'un peu plus prés les objets quotidiens pour s'étonner et voir surgir un univers. En l'occurence il s'agit d'une toile suspendue au-dessus du sofa où je paresse en ce premier lundi de grandes vacances. Depuis que je loue cet appartement meublé et décoré d'oeuvres authentiques, j'avais jeté un oeil intrigué et un peu incommodé sur la toile suivante:
Ces fillettes formant une ronde avec des militaires me donnaient une sensation de malaise. Mais quelque chose me charmait aussi dans les couleurs et la douceur des textures utilisées. Enfin je mets le nez sur la signature et je découvre le nom de G. Herazo. Un clic sur le web me permet d'identifier l'auteure de ce tableau et de bien d'autres, une certaine Gloria Herazo, colombienne et peintre reconnue , primée en son pays et en Espagne particulièrement.
Son style est un choix pictural un peu systématique: couper les têtes comme la reine d'Alice au pays des merveilles et fixer par là notre attention sur les gestes et les postures qui révèlent beaucoup de nos comportements. Herazo parvient ainsi à faire dériver la question de l'identité au-delà du visage et du regard qui font l'essentiel de l'art du portrait.
Le contenu social et politique est trés évident dans ces scènes de groupe et chaque oeuvre en dit long sur les réalités latino-américaines. Comme Botéro a systématisé l'obésité comme principe esthétique, Herazo choisit aussi une "entrée" un peu trop répétitive mais assez efficace pour éduquer notre mirada. Elle réussit à créer des atmosphères et des fictions qui ne sont pas sans rappeler un de mes peintres favoris, Edward Hopper.
Solitude, oppression, intimité et espace public, sont des thématiques que la peintre nous suggère d'explorer. Porter un regard plus curieux sur le quotidien est aussi ce qu'elle a réussi à susciter chez moi et dans ma maison.
Un choix de ses oeuvres à découvrir sur son site:
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