samedi 31 mars 2012

ORLANDO


Orlando c'est le nom de ce jeune homme au visage androgyne et tel l'héroïne de Virginia Woolf je l'ai amené à croiser les genres, les styles, les siècles. Du kouros néo-classique à la figure édouardienne, Orlando s'épuise en métamorphoses.

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"Orlando, ce sont les mille et une vies dont nous disposons, que nous étouffons et qu'Orlando seul libère, car il lui est donné de vivre trois siècles en ayant toujours trente ans. Jeune lord comblé d'honneurs, il est nommé ambassadeur en Turquie, devient femme et rejoint une tribu de bohémiens puis retourne vivre sous les traits d'une femme de lettres dans l'Angleterre victorienne. Assoiffé de vie et de poésie, à l'image de Virginia Woolf, Orlando traverse les siècles, accumule les sensations, déploie les multiples facettes qui composent notre être. La nature de l'homme et de la femme, l'amour, la vie en société, la littérature, tout est dénudé avec un prodigieux humour."
(extrait du site Evène)







LE SEXE ET L'EFFROI


Extraits de l'œuvre de Pascal Quignard "Le sexe et l'effroi"
Photographies de Mimmo Jodice.

"Je cherche à comprendre quelque chose d'incompréhensible: le transport de l'érotisme des grecs dans la Rome impériale (...) la métamorphose de l'érotisme joyeux et précis des grecs en mélancolie effrayée. Cette mutation n'a mis qu'une trentaine d'années à se mettre en place ( de -18 avant l'ère à 14 après l'ère) et néanmoins elle nous enveloppe encore et domine nos passions."


"La beauté est du dieu arrêté. C'est offrir aux êtres l'hospitalité de l'oisiveté et du silence ( de l'otium et de la quies) qui guettent dans la mort qui approche. La "grande image" est la sculpture dans la tombe. La question de la peinture est : comment apparaître comme un dieu apparaissant dans son instant éternel?"


"Boire, manger, ces désirs-là se comblent et le corps absorbe plus que l'image d'eau ou l'image de pain. Mais de la beauté d'un visage, de l'éclat du tein, le corps ne peut rien absorber. Rien: il mange des simulacres, des espoirs extrêmement légers que le vent rapte. De même un homme que la soif dévore au milieu de son rêve."


"Il y a trois figures ailées : Hypnos, Eros, Thanatos. Ce sont les modernes qui distinguent le songe, le fantasme et le fantôme. A la source grecque ils sont cette unique et identique capacité de l'image dans l'âme, à la fois inconsistante et effractrice. C'est trois dieux ailées sont les maîtres du même rapt hors de la présence physique et de la domus sociale. Perséphone ravie aux Enfers et Hélène ravie dans Troie forment un même rapt par lequel le songe, le désir et la mort sont indistincts dans leurs effets. Sirènes et sphinges sont les mêmes puissances rapaces, soit qu'elles enlèvent dans le rêve, soit qu'elles ravisset dans le désir, soit qu'elles dévorent dans la mort. Le sommeil est même un dieu plus grand que la mort et le désir. Hypnos ( le sommeil) est le maître d'Eros et de Thanatos puisque le plaisir masculin ravit les hommes dans le sommeil comme la mort les y éternise."



" Le désir est le contraire de l'ennui, de l'épuisement, de la satiété, de l'endormissement, du dégoût, de la flaccidité. Tout conte, tout mythe, tout récit vise l'exaltation du désir et porte son combat contre la jouissance.(...) L'art préfère toujours le désir. L'art est le désir indestructible. Le désir sans jouissance, l'appétit sans dégoût, la vie sans mort."



"Lors de la dénudation de l'homme, c'est le sexe qui pour la femme se voit trop, dans une exhibition excessive, érigée, si visible qu'il pousse le regard féminin à s'en détourner, à demeurer périphérique, à se confier à la latéralité."

"La volupté peut se définir: l'humain qui fait corps avec la vie. Dans l'étreinte, le plaisir se sent lui- même. le plaisir qui se sent lui-même, tel est le bonheur. Rien dans la douleur ni dans la pensée ne peut être comparé à cet expérience totalisante."

"Il ne faut pas souhaiter longue vie aux humains. Il n'y a pas " plus de temps" dans une vie longue ou brève. Seul compte l'instant maximum dans sa présence pleine. "

dimanche 25 mars 2012

ENCOLPE


Avant de revenir en détail sur le fastueux Satyricon de Fellini d'après l'œuvre du latin Petronus, je consacre un message tout spécialement au visage de l'acteur britannique Martin Potter qui incarne le jeune étudiant romain Encolpe fourvoyant sa beauté dans les bas-fonds de la décadence latine. Une tête d'Antinous trop blond et au charme délicat qui fixe le canon esthétique du bas-empire selon ma rêverie d'antiquaire un tantinet kitsch.









vendredi 23 mars 2012

GEORGES HURREL

JOHNNY WEISSMULLER

Georges Hurell a défini le style hollywoodien d'une certaine pratique photographique des années 40 et 50 mettant en lumière les stars de l'écran comme personne. Ses éclairages sublimants aux impeccables aplats et contours ( il était peintre de formation) contribuent à la glorification des visages et des silhouettes capturées dans des poses où le glamour se teinte de hiératisme. Ainsi apparaissent les îcones, nimbées d'une grâce aussi purement artificielle que codifiée par le savant artisanat d'un maître de la lumière. Si certains clichés se sont figés dans les conventions usées de l'industrie du rêve, on trouve encore dans certains portraits une émotion et un mystère intacts. Derrière l'éclat arrogant du star-system percent parfois une mélancolie ou une étincelle de charme sauvage que le photographe a su saisir pour hisser son modèle au firmament des visages qu'on n'oubliera jamais.

JOHN PAYNE

DOUGLAS FAIRBANKS JR

CAROLE LOMBARD

ANNA MAY WONG

JANE RUSSEL

SIMONE SIMON

LORETTA YOUNG ET TYRONE POWER

JOAN CRAWFORD


MAE WEST

mercredi 21 mars 2012

J'EMBRASSE PAS ROLAND

Le beau film de Téchiné "J'embrasse pas" est une œuvre où le discours amoureux, au sens le plus littéral, tient peu de place: les sentiments ne s'y expriment guère, tout y est question de chair, d'argent, de coups, de fuites... Pierre ( Manuel Blanc), jeune provincial à la fois trop pur et trop obtus, monte à la capitale pour tenter sa chance. Il rêve comme beaucoup d'être acteur. Il finira au terme de banales mésaventures et rencontres interlopes dans les sous- bois de la prostitution. Enragé et vindicatif, il confondra les parrains bienfaiteurs avec des ogres, les princesses de la nuit avec des putes, la déchéance avec la liberté.

Ce récit initiatique moderne est filmé par Téchiné avec sa grâce habituelle à saisir les émotions fugitives, à faire sonner les répliques comme des gifles, à capter le clair-obscur dans lequel les êtres se croisent et se blessent sans jamais vraiment pouvoir se retrouver.
Emmanuelle Béart y exhibe avec un impudeur magnifique toute sa beauté et sa vulnérabilité. Philippe Noiret y campe un quinquagénaire mélancolique et émouvant auquel "il ne reste plus que les gigolos" selon la triste formule de Roland Barthes qui inspira ce personnage. Le scénario est co-signé entre autres par Jaques Nolot, double possible dans la vie réelle du jeune prostitué Pierre). C'est ici l'occasion de citer quelques phrases des célèbres "Fragments du discours amoureux" de Roland Barthes.

"Savoir que l’on écrit pas pour l’autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j’aime, savoir que l’écriture ne compense rien,ne sublime rien, qu’elle est précisément ” là où tu n’es pas",c’est le commencement de l’écriture…”


"Je t'aime. Passé le premier aveu, "je t'aime" ne veut plus rien dire ; il ne fait que reprendre d'une façon énigmatique, tant elle paraît vide, l'ancien message (qui peut-être n'est pas passé par ces mots)."



"Comme jaloux, je souffre quatre fois : parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité : je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun. "

"Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l'autre.C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir."

dimanche 18 mars 2012

JUAN GATTI COLORES



Quelques éclats du photographe, plasticien, designer espagnol Juan Gatti, célèbre pour ses affiches de film d'Almodovar. Du contre-jour mystérieux à l'opulence baroque de ses collages, en passant par ses portraits raffinés ou exubérants, c'est toute la palette d'un amoureux fou des images qui s'offre à nos yeux.