samedi 28 août 2010
JEANNE L'APRES-MIDI
vendredi 27 août 2010
SOMEONE ELSE?
Ainsi se confie Arthur Schnitzler à Roland Jaccard, dans la préface de sa magnifique nouvelle Mademoiselle Else. Tout est dit dans cette phrase rapportée dans la préface. La nouvelle par le biais de la focalisation interne et du monologue intérieur, est une plongée dans les atermoiements de la mademoiselle en question. Celle-ci en moins de quelques heures retranscrites sans interruption narrative, hésite à livrer le spectacle de sa nudité ( et sûrement plus) à la concupiscence d'un homme mûr qui a promis en échange de sauver de la faillite et du déshonneur le père de celle-ci.
Toute la tension morbide et érotique de la Vienne d'avant-guerre rejaillit dans ce récit qui a pour cadre un palace italien à l'atmosphère moite. La rencontre du cynisme de l'élite corrompue et de l'hystérie juvénile viennoise façon Freud atteint ici des sommets. Ecrit en 1924 on trouve dans ce petit livre tous les thèmes et ressorts littéraires de la modernité: la névrose érotique, l'attraction mondaine, les soubresauts d'idéalisme, la fuite dans l'absurde... Et tout ceci est traité dans un style épousant le flux d'une parole intérieure, croisant avec un sens adolescent du paradoxe la volubilité des ingénues ultra-sensibles et la brutale concision des lucidités trop précoces.
dimanche 22 août 2010
LES FLEURS DE MARCEL
mercredi 18 août 2010
mardi 17 août 2010
L'ORGIE PERPETUELLE
Depuis des années je cherche à me plonger dans "L'orgie perpétuelle"... Je parle bien évidemment de l'essai littéraire que Mario Vargas Llosa a consacré à Flaubert et à son roman "Madame Bovary". Curieusement introuvable en Amérique du sud, c'est chez Gallimard du monde entier que je le déniche enfin. Pour mon plus grand plaisir ou pour ma plus grande jouissance masochiste rectifierait Lacan?.. car il est surtout question ici de s'enfoncer dans la spirale des exquises douleurs flaubertiennes et de se pencher narcissiquement sur Emma pour lire sur son visage blanc et teinté d'encre un reflet du nôtre.
Il s'agit d'un ouvrage dense et composé en trois parties: d'abord une confession de l'auteur sur son coup de foudre et son amour indéfectible pour l'oeuvre lorsqu'il étudiait à Paris au quartier latin des auteurs latinos. Ensuite, tel un Sartre péruvien, le beau Mario se livre à une analyse très méticuleuse de la gestation du roman ( un accouchement de cinq ans!) et à une étude stylistique et narratologique impeccable. Enfin, l'auteur propose une réflexion plus large sur la place du chef-d'oeuvre dans la littérature universelle et son rayonnement jusque dans la modernité. Ouf! une vraie immersion dans l'univers de Flaubert, ses obsessions de créateur, sa patience de moine, sa rage littéraire...
On en ressort à la fois avec le mental assombri par tant d'amertume et de misanthropie, mais aussi avec le coeur revigoré par les élans de passion dont l'ermite de Croisset sut faire preuve toute sa vie durant. Entre la noirceur de sa vision de l'humanité et la ferveur baroque qu'il déploie pour la peindre, on navigue dans le paradoxe flaubertien, dans ce va-et-vient qui était aussi celui d'Emma et que d'autres nommaient "le mal du siècle" ou encore "les intermittences du coeur".
En effet, c'est bien de coeur qu'il est question chez Flaubert, malgré l'hypertrophie de l'intellect et les appétences fulgurantes de la chair qui le caractérisent. L'opiniâtreté qu'il met à juguler les débordements de sa sensibilité romantique et à la canaliser par un travail acharné dans l'écriture réaliste a pour fruits ces romans où les sentiments sont voués à une douloureuse rééducation et où le coeur est pressé comme une orange amère.
Le bovarisme n'est-il pas du reste la maladie romanesque par excellence? Elle se contracte par la lecture de mauvais romans, manifeste ses symptômes dans une tendance pathologique à vouloir vivre selon les fictions de son imagination, et se retrouve diagnostiquée et prévenue dans un roman à la lecture contagieuse ? C'est un peu tout cela que le docteur Vargas Llosa cherche à expliquer, avec la passion de l'adulateur et l'érudition qu'on attend d'un homme de lettres. Ce bel ouvrage qui fait se succèder la déclaration d'amour fervente et la dissection clinique de l'écriture est une invitation permanente à se replonger dans le roman. Par ses qualités de critique, Vargas Llosa incarne l'enthousiasme contagieux d'Emma et la rigueur scientiste de Charles, mais il réussit lui à ce que ces deux qualités ne se convertissent jamais en défauts, en les transcendant, comme son maître, par le truchement de la littérature.
lundi 16 août 2010
LAS COSAS DEL QUERER
Pour en finir avec les espagnolades et le fantôme de Miguel de Molina, quelques clichés du film espagnol culte "Las cosas del querer" avec Manuel Bandera, plus beau garçon que bon chanteur, et la magnifique Angela Molina. Du kitsch de qualité et des séquences musicales et sexies très réussies! OLE!
lundi 9 août 2010
NOT SO BEAUTIFUL PEOPLE
On sait depuis Proust qui célébra les tenues d'Odette ou d'Oriane, ou les peignoirs de Fortuny d'Albertine, qu'une robe dans son architecture et les détails ouvragés de ses raffinements peut prétendre sans discussion au statut de cathédrale de tissu et de chef- d'oeuvre de l'artisanat, au sens le plus noble du terme. Mais de là à se proclamer comme YSL" de la race maudite des grands artistes et grands nerveux" il y a un faux pas malheureux sur la passerelle de l'ego: être un grand faiseur de robes est un titre aussi amplement mérité que suffisant. L'art et la mode n'entretiennent que des rapports complices et distants: la mode joue avec les apparences de l'air du temps et en multiplie les effets de surface, l'art lui traverse l'éphèmere et transcende la matière pour nous en restituer l'essence. On peut avoir un certain art à faire de la mode, mais c'est sur un autre mode que l'art se fait.
"Je ne tombe jamais amoureux.je suis seulement amoureux de mon travail. Je crois que c'est bien plus important justement d'aimer son travail. Pour un homme, c'est ce qui compte réellement, à mon avis." KL in Interview (1975)