vendredi 26 avril 2013

CÔTE D'AZUR ANNÉES 20


On rêve de la Riviera dans les années folles. "Tendre est la nuit" et brûlant le soleil pour les éternels estivants des upper-classes européennes, américaines ou russes.... Les plages sont désertes, le littoral sauvage, les barques fluctuent au gré des désirs qui font florès... On croise Francis-Scott Fitzgerald dans un hôtel de Juan-les -Pins, Cocteau au Welcome de Villefranche, et Jacques-Henri Lartigues immortalisant Perle et les baigneuses en maillots de laine dessinés par Chanel... On danse sur des airs de jazz Dixieland jusqu'à l'aurore en échangeant des baisers parfumés à l'alcool anisé... On rêve de la Côte d'azur dans les années folles....




Les Fitzgerald à Juan-les-Pins





Série de Jacques-Henri Lartigues







Perle par JH Lartigues


Cocteau, Picasso, Stravinski, Chanel à Antibes 



dimanche 21 avril 2013

LES CHARITÉS D'ALCIPPE





« Sept poèmes pour une morte » (1929)
Ces deux sonnets d'une facture et perfection classique mais frappés du sceau de la modernité, sont extraits du recueil Les Charités d’Alcippe, de Marguerite Yourcenar (Gallimard).

Ce recueil que l'écrivaine a tenu à publier alors qu'elle triomphait comme romancière, nous signale son profond désir de reconnaissance comme poète et son attachement à la grande tradition lyrique occidentale qui ,des poètes antiques à Eluard, en passant par Pétrarque, Ronsard, Hugo, Baudelaire, de Heredia... cultive la magie précieuse des formes fixes comme le sonnet, l'ode, le cantilène pour en extraire la quintessence.


Souvent proche de l'élégie, du thrène ou de la méditation poétique, les vers yourcenariens concentrent dans leur prosodie impeccable quelques-unes des obsessions thématiques que l'on retrouve dans son oeuvre romanesque : la quête esthétique et intellectuelle, le culte de la mémoire, l'appel des sens et les feux dangereux du désir, la réflexion mélancolique sur le temps et la disparition des êtres et des civilisations. 
L'extrême pureté de sa langue où les réminiscences de Racine et de Baudelaire se font entendre, constitue un des grands bonheurs de la lecture de ce recueil. Le riche imaginaire poétique et le sens aigu de la musicalité participent de la "sorcellerie évocatoire", de cet enchantement propre au style de Yourcenar, déjà actif dans sa prose, mais qui prend enfin toute sa dimension dans sa poésie. 


III


Je n’ai su qu’hésiter ; il fallait accourir ;
Il fallait appeler ; je n’ai su que me taire.
J’ai suivi trop longtemps mon chemin solitaire ; 

Je n’avais pas prévu que vous alliez mourir.

Je n’avais pas prévu que je verrais tarir
La source où l’on se lave et l’on se désaltère ;

Je n’avais pas compris qu’il existe sur terre
 Des fruits amers et doux que la mort doit mûrir.

L’amour n’est plus qu’un nom ; l’être n’est plus qu’un nombre ;
Sur la route au soleil j’avais cherché votre ombre ;
Je heurte mes regrets aux angles d’un tombeau.


La mort moins hésitante a mieux su vous atteindre. 
Si vous pensez à nous votre cœur doit nous plaindre. 
Et l’on se croit aveugle à la mort d’un flambeau. 


V. LE MIEL INALTÉRABLE


Le miel inaltérable au fond de chaque chose
Est fait de nos douleurs, nos désirs, nos remords ; 

L’alambic éternel où le temps recompose
Les larmes des vivants et la pitié des morts.


D’identiques effets regerment de leur cause ; 
La même note vibre à travers mille accords ; 
On ne sépare pas le parfum de la rose ;
Je ne sépare pas votre âme de son corps.


L’univers nous reprend le peu qui fut nous-mêmes. 
Vous ne saurez jamais que mes larmes vous aiment ; 
J’oublierai chaque jour combien je vous aimais.

Mais la mort nous attend pour nous bercer en elle ; 
Comme une enfant blottie entre vos bras fermés, 
J’entends battre le cœur de la vie éternelle. 



dimanche 14 avril 2013

ACUSSUSO



Une journée de fin d'été au bord du fleuve Rio de la Plata en Argentine : fleurs, arbres, rivages et flâneurs murmurent une douceur de vivre.

Photos Sébastien Paul Lucien












jeudi 11 avril 2013

AGOSTINO ARRIVABENE


Dans l'œuvre éclectique de ce peintre milanais né en 1967, on retrouve les influences mêlées des maîtres de la Renaissance italienne ou flamande, du symbolisme d'un Gustave Moreau ou d'un Redon ou du surréalisme de Leonor Fini. Obsédé moi-même par les vanités, les figures de martyrs, le mysticisme et les planches d'anatomie, je me plais à retrouver certaines de mes fascinations picturales et obsessions personnellles dans cet étrange cabinet de curiosités d'Agostino Arrivabene.
 La grande virtuosité technique de cet autodidacte jointe à une inspiration très personnelle, crée une atmosphère poétique où le morbide côtoie le féérique. Ses peintures à l'huile sur bois jettent un pont entre la grande tradition picturale occidentale et l'âme tourmentée d'un artiste de notre époque, époque qui semble parfois avoir relégué la peinture aux oubliettes du bon goût contemporain. Même si certaines de ses toiles ( voir son site personnel) me déplaisent parfois jusqu'à la répulsion, le choix que je propose ici trouve parfaitement sa petite place dans "mes couleurs du temps" par les thèmes abordés et l'esthétique qui s'y déploie.















samedi 6 avril 2013

PIER PAOLO PASOLINI POETE




“De toutes les choses que je sais
une seule m’est présente au coeur :
je suis jeune, vivant, abandonné,
corps de désir consumé.

Je m’arrête un moment sur l’herbe
de la rive, entre les arbres nus,
puis je marche, j’avance sous les nuages,
et je vis avec ma jeunesse.”








“Ce n’est qu’aimer, et que connaître,
qui compte, non d’avoir aimé,
ni d’avoir connu. C’est angoisse

que vivre d’un amour
révolu. L’âme ne grandit plus (...)

comprendre
que peu de gens connaissent les passions
dont sont faites ma vie :
que s’ils  n’ont rien de fraternel, ce sont pourtant
des frères, puisqu’ils connaissent, justement,
des passions d’hommes,
et que, joyeux, inconscients, absolus,
ils vivent d’expériences
qui me sont inconnues.”







“Avec le sourire confus de celui qui supporte
gaiement sa timidité et sa jeunesse, (...)

tu veux savoir ce qu’est l’obscure liberté,
découverte par nous, trouvée par toi -
grâce, elle aussi, sur la terre revenue à la vie (...)

Tu nous enlève cette lumière qui brille pleinement pour toi,
qu’à la nouvelle jeunesse donne chaque nouveau soir (...)

Mais c’est la vie qui est en toi qui a raison : la mort,
qui est dans ce garçon de ton âge et nous, a tort.
Nous devrions questionner, comme tu le fais, nous devrions
vouloir savoir avec ton coeur en pleine effloraison."