L'écrivaine la plus invisible vient de disparaître. AGOTA KRISTOF l'auteure de "La trilogie des jumeaux", conte cruel et roman d'apprentissage obsédant, peut enfin entrer dans la gloire et l'éternité. Une fois morte, on va enfin la découvrir. Son nihilisme était une sorte de bijou froid posé à même la peau sur un collier serré à ras de cou.
Extrait d'une interview donnée au Magazine Littéraire en 2005.
Vous avez donc atteint l’état que vous décrivez par exemple chez un de vos personnages de C’est égal. Pour cet homme, « le bonheur se résumait à peu de chose : se promener dans les rues, marcher dans les rues, s’asseoir quand il était fatigué ».
Oui, sauf que je ne marche pas. J’ai un problème aux jambes et je ne sors de chez moi que lorsque j’y suis absolument obligée, pour faire des courses.
Vous vous contentez donc de vous déplacer dans votre appartement, et le plus souvent vous restez assise, sans but particulier. Vous sentez une plénitude à être ainsi ?
Je ne sens rien de spécial.
Vous vous contentez donc de vous déplacer dans votre appartement, et le plus souvent vous restez assise, sans but particulier. Vous sentez une plénitude à être ainsi ?
Je ne sens rien de spécial.
La vie vous suffit ?
Oui, ça me suffit de me lever le matin. Je me contente de vivre le plus simplement possible. Je n’ai plus besoin de chercher autre chose. Je déteste les voyages. Je n’aime rien d’autre que mes enfants. Je n’ai aucun désir de faire quelque chose de précis.
Pourquoi on se lève le matin si tout est égal ?
Parce que ce n’est pas agréable de rester au lit, parce qu’on a envie d’un café. C’est tout.
Vous vous sentez proche d’une philosophie en étant ainsi ?
Le nihilisme. C’est le mot qui me semble le plus proche de ma façon d’être.
Et vous avez tout de même toujours envie de vivre ?
Je n’ai aucun désir de mourir. Je trouve la vie tellement courte. Après, on sera mort tout le temps. On peut tout de même attendre jusque-là ! "
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