Cette oeuvre-culte de Julien Duvivier (1937) m'a transporté du début à la fin. Gabin y est resplendissant entouré d'une floppée de seconds rôles impeccablement distribués. C'est l'occasion d'y retrouver la bonne Fréhel, alors oubliée, dans un numéro chanté pathétique de vérité. Ce drame policier imprégné d'un romantisme inhabituel est aussi servi par des dialoguistes qui ont le sens de la trouvaille et évoque les plus belles répliques de Prévert chez Carné. Tragédie sous le ciel d'Alger, les derniers jours du truand Pépé le Moko sont parfaitement analysés par l'excellent blogueur de " A la poursuite du vent" auquel je passe ici la main:
Le prologue sur la Casbah d'Alger la Blanche est une invitation à toutes les perditions:
« La casbah, c’est un maquis. Vu à vol d’oiseau, le quartier d’Alger qu’on appelle la casbah, profond comme une forêt, grouillante comme une fourmilière, est un vaste escalier dont chaque terrasse est une marche qui descend vers la mer. Entre ces marches, des ruelles tortueuses et sombres, des ruelles en forme de guet-apens, des ruelles qui se croisent, se chevauchent, s’enlacent et se désenlacent dans un fouillis de labyrinthes, les unes étroites comme des couloirs, les autres voûtées comme des caves.
De tous côtés, dans tous les sens, des escaliers, des montées abruptes comme des échelles, des descentes vers des gouffres sombres et puants, des porches suintants envahis de vermine et d’humidité, des cafés obscurs bondés à toute heure, des rues désertes, des rues aux noms étranges!
Ils sont quarante mille là où ils ne devraient être que dix mille. Quarante mille venus de partout! Ceux d’avant la conquête, ceux du passé barbaresque et leurs descendants honnêtes, traditionalistes et pour nous mystérieux. Des kabyles, des chinois, des gitanes, des slaves, des maltais, des nègres, des siciliens, des espagnols et des filles!, des filles de tous les pays, de tous les formats : des grandes, des grosses, des petites, des sans âge, des sans formes, abîmes de graisse où nul n’ose se risquer. »
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