mercredi 20 janvier 2010

LE PETIT PHILOSOPHE



Stéphane Jougla signe là son troisième roman. Bref, dense, intense.
Le narrateur Louis est un enfant basculant dans l'adolescence et les troubles qui l'accompagnent. C'est sur le jeune préténdant de sa maman que s'éveille l'érotisme du petit Louis, observant la métamorphose de ses sens et des ses affects avec une grande tranquilité d'âme.
Depuis Platon on sait combien l'éros est une composante déterminante et même le fondement de la démarche du philosophe. "Celui qui aime la sagesse" en aime aussi les revers, les détours et les contradictions.



Avec un style aussi dépouillé que poétique, Jougla réussit à saisir les ambigüités de l'état amoureux chez l'enfant, car les enfants aiment aussi, passionnément et confusément, avec une sensualité aveugle et étourdie à laquelle ils s'abandonnent tout entiers. Une belle découverte que ce roman: on y baigne dans une intimité totale avec le narrateur, c'est un petit miracle littéraire.





" Donc c'était bien le mot intimité, uni au mot ami du latin amare, qui décrivait le mieux ce que je ressentais en marchant avec Denis dans la rue. C'était la première fois que j'éprouvais un tel sentiment."


Les magnifiques photographies illustrant cet article sont de l'américaine Sally Mann. Elles me semblent coller parfaitement à la démarche littéraire de Stéphane Jougla. Elle a réalisé ce travail avec ses propres enfants comme modèles spontanés, à la campagne, révélant la beauté et l'harmonie de son intimité familiale avec la pudeur et la poésie qu'on attend d'une artiste quand on touche à ce domaine si délicat de l'enfance.

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