dimanche 18 avril 2010

SONGE MUSICAL D'UNE NUIT D'AUTOMNE



Un festival en automne, à ciel ouvert, sous des nuages grisonnants où percent quelques étoiles.
Sur scène, une succession de musiques du monde, comme on les appelle encore, toutes mettant en valeur l'authenticité des instruments, des voix, des sentiments. Musiques des peuples, poésies des plus grands, autour de la méditerranée et au coeur des grands espaces continentaux.
La découverte de la soirée c'est celle de Chango Spasiuk et de son accordéon argentin dont le groupe d'instrumentistes et de percussionistes a offert des variations expertes sur des chamame, zamba et tango populaires. Un artiste qui compte déjà parmi les grands de la musique traditionnelle argentine et que je retrouverais volontiers sur d'autres scènes.
http://www.youtube.com/watch?v=-tlE_MmLfkw


J'étais venu au rendez-vous... pour elle, pour la quatrième fois, pour la mouette portugaise et migratrice, Misia. Elle n'est pas venue qu'en "turist", mais avec sa malette pleine des rues de Lisbonne et de leur imaginaire, et nous a aussi adressé cette fois, quelques cartes postales musicales. Misia chante ses fados sublimes signés Pessoa ou Saramago dans la nuit qui a étendu son châle noir au dessus de nos têtes et la mélancolie coule sur nous comme un baume. En deuxième partie elle s'essaye, comme dans son dernier double album, à interpréter des musiques cousines du fado: le tango, le flamenco, la ranchera, le rock cold ou la chanson française... Dalida, Joy Division ou Chavela Vargas revisités selon la ligne mélodique d'un certain fado... c'est un jeu d'acrobaties un peu risqué et Misia parfois dérape sur ses hauts talons noirs. Mais il faut saluer l'expérimentation et la versatilité de l'exercice auquel peu de chanteuses oseraient se risquer. Quand elle termine son tour de chant par le fado composé par Amalia Rodriguez "Lagrima" Misia retrouve son souffle et son intensité intacts pour faire résonner son chant à minuit.
http://www.youtube.com/watch?v=d1mfcqe2SP4&feature=related



Cette odyssée prend fin avec le triomphe de la star de la soirée pour laquelle le public est venu en masse: Goran Bregovic et son orchestre pour mariage et funérailles! Musique irrésistible, festive, cuivrée et pleine de rythmes slovaques, d'ondulations orientales. Les merveilleuses compositions du Temps des gitans ou de Arizona dream s'impriment si facilement dans les corps et les coeurs qu'on ne peut que succomber. Surtout si on se laisse guider par la voix gitane et le charisme du chanteur-tambour qui vole la vedette à l'élégant Goran en costard blanc de chef de clan.
http://www.youtube.com/watch?v=N7eSyfALB5E&feature=related



Au retour de cette fête sonore, nous nous fourvoyons dans le parc du Rosedal de Palermo à la recherche désespérée d'un taxi et nous tombons sur la ronde interlope et nocturne des automobiles autour d'une armada de travestis surréalistes et almodovariens, armées de sacs à mains, cuissardes et menaçantes mamelles. Au loin résonnent les bis et les ovations pour les musiciens du monde. C'était une nuit d'automne à Buenos-Aires amicale, musicale et quasi bacchanale... en tout cas pas banale!


1 commentaire:

Barbara a dit…

Abso-fucking-lutely! Je reprendrais mon adjectif préféré: nuit "sublime". Du début à la fin.