mardi 23 août 2011

AU FOND DES BOIS





Ce film de Benoit Jacquot est une tirée d'une authentique affaire criminelle qui eut lieu en 1865 mais vaut surtout par sa dimension de fable cruelle et énigmatique sur l'appel de la forêt.







Voici comment le réalisateur présente son scénario:
"C’est l’histoire d’une jeune bourgeoise, qui vit avec son père, le médecin de la région, et qui est entrainée, enlevée, violée semble-t-il, par un vagabond, qui a décidé de s’emparer d’elle. Elle le suit au fond des bois pendant plusieurs jours, et la question que pose le film, à mes yeux, est tout simplement de savoir si c’est de gré ou de force. Dans le film, le gré et la force sont intimement mêlés, tressés, enchevêtrés ; ils sont rendus aussi ambivalents que possible, d’une manière qui, pour moi, devait être presque vertigineuse."





Leur vie au fond des bois devient la métaphore d'un retour à la nature et aux pulsions primitives: l'angoissse, l'éros, la révolte, la passion pour tout ce qui est sauvage, qui exalte ou détruit. Parabole sur la puissance libératrice et destructrice du désir, cette fuite dans les forêts nous parle aussi du retour du refoulé sur fond de régression rousseauiste. Une relation amoureuse hors-norme se tisse entre la jeune vierge à la blanche robe et le jeune loup hypnotique et pervers. Qui ensorcellera qui? Qui sortira grandi ou vaincu de cette liaison monstrueuse?







Et que ou qui faut-il croire en amour comme au cinéma, ces deux arts de la fascination?
B. Jacquot: "Mais si l’on tire cette ficelle de la croyance, il y a en réalité deux acceptions à prendre en considération : la croyance dans le lien amoureux, d’un côté, qui est de croire celui ou celle qui vous dit je t’aime, cette croyance est absolument fondamentale, elle est la source du romanesque, de toutes les joies et de tous les drames car elle n’est jamais une certitude. Et d’un autre côté, il y a la croyance du spectateur à l’égard de ce qu’on est en train de lui montrer, ce qui est le plus déterminant au cinéma car il est impossible, me semble-t- il, de voir un film sans croire !"






Benoit Jacquot même s'il tarde un peu à nous faire comprendre les motivations de cette fugue frénétique, sait nous capturer et nous subjuguer grâce à l'intimité avec laquelle il filme les paysages et les corps. Ces deux acteurs sont remarquables et sont saisis au plus près de leur folie: Isild Le Besco évoque immanquablement l'Adjani border-line de Adèle H ou de Les soeurs Brontë tandis que le prodige argentin Nahuel Perez Biscayart prête son magnétisme et son étrangeté australe à son personnage d'une très grande originalité.







La bande-annonce:
http://www.dailymotion.com/video/xet237_au-fond-des-bois-de-benoit-jacquot_shortfilms?start=18#from=embed

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