vendredi 30 septembre 2011

CASTRUM DOLORIS




"Le "camp de la douleur" c'est la mélancolie. Dans la mélancolie on ne voit plus rien. Tout devient inconnu et la cause de chaque peine, de chaque tristesse est inconnue. Le temps est inconnu. Les souvenirs sont inconnus. Le monde est inconnu. On rejoint la détresse sans secours de la première heure, quand on découvre la lumière. La nouveauté. Perte, réel, nom, deuil. Même nihil manque."


"La lucidité peut être considérée comme une valeur plus haute que l'illusion. Mais quoiqu'il en soit et malgré qu'il en ait, le désir de croire renaît comme le sommeil ou comme la soif, ou comme l'attachemenet de l'amour, ou comme l'envie d'être heureux."






Extraits de "LA BARQUE SILENCIEUSE" de Pascal Quignard


Tableaux de Edward Munch

jeudi 29 septembre 2011

MARAIS / MORGAN


Dans " Le château de verre" de René Clement, deux amants impossibles, deux rêves improbables. Entre deux vies, deux trains, deux chambres d'hôtel, deux destins qui ne font que se croiser. Deux idoles aux visages parfaits. Jean Marais et Michèle Morgan au sommet de leur beauté, fragiles comme du cristal, incandescents comme du feu.






















ESTRELLA FLAMENCA



J'avais eu la chance d'écouter chanter son père Enrique Morente quelques mois avant sa disparition. J'attendais la digne héritière pour sa première visite en Argentine avec une grande ansiedad. Ce premier récital de Estrella Morente à Buenos-Aires a été un des plus émouvants auxquels j'ai eu la chance d'assister. Rarement occasion m'a été donnée de vibrer à une voix si parfaitement maîtrisée dans la puissance et la musicalité. Le sentiment d'avoir sur scène une prima donna du folklore urbain, comme Carmen Amaya, Edith Piaf ou Amalia Rodriguez.




Entourée d'un groupe de musiciens de haut vol, Estrella occupe avec maestria la scène où elle évolue avec la force et la grâce d'une grande figure flamenca. Elle sut aussi investir le parterre qu'elle parcourut en chantant a capella dans une performance que seule les très grandes peuvent se permettre. Le climax du récital a été ce soir-là dû à l'interprétation de tangos comme "Naranja en flor, Maria de Buenos-Aires" ou encore "Volver" qui l'a rendue célèbre grâce au film éponyme d'Almodovar (elle y fut la voix chantée de Penélope Cruz) qu'elle revisite avec ses ornements flamencos très risqués en terre tanguera mais avec une si grande intensité dramatique qu'elle en arrive à transcender les codes musicaux.

Ce fut particulièrement le cas avec le tango que je préfère entre tous "Nostalgia" qui devint dans la voix électrisante et l'interprétation à fleur de peau de Estrella Morente un hymne déchirant qui impose le silence et les larmes dans le théâtre.





dimanche 25 septembre 2011

LE SACRE ET LE PROFANE A SALVADOR DA BAHIA





"Ô Bahia Bahia que não me sai do pensamento

Faço o meu lamento,

ô Na desesperança,

ô De encontrar nesse mundo

Um amor que eu perdi na Bahia, vou contar

Ô Bahia Bahia que não me sai do pensamento..."

NA BAIXA DO SAPATERO ( Ary Barroso)











Photographies de Sébastien Paul Lucien ( 2006)

AMANTS DANS LE RETRO




Quelques visages, quelques images, capturés dans la nuit cinéphile et rétrospective. Quelques étoiles et une certaine manière de s'aimer sous celles-ci.

Comme on s'aimait du temps des Amants de Montparnasse avec Gérard Philippe et la si belle Anouk Aimée pour cette évocation de la vie tourmentée du peintre Modigliani.



















Et puis l'éternel couple phare du cinéma du dimanche soir, session tardive, Gabin et Morgan, dans des extraits de Remorques et Le Quai des brumes. Le contraste saisissant de ces deux visages et de ces deux styles d'interprétation est au coeur du charme que génère ce couple qui embrasa les écrans durant des décennies. On reviendra sur la belle Michèle bientôt...















LE QUAI DES BRUMES
















vendredi 23 septembre 2011

AS TEARS AND TIME GO BY




Ingrid Bergmann



Ecouter Marianne Faithfull dans un récital "guitare et voix" est une expérience à fleur de peau. "Smoke gets into your eyes" dirais-je face à cette voix cramoisie par le tabac et les déroutes sentimentales. Voix d'outre-tombe, crevassée, brisée même avant de jaillir mais qui pousse avec un phrasé parfait son lamento en "broken english".


http://www.youtube.com/watch?v=p9eVhgxoj-c&ob=av2n


Dame Faithfull surgit avec toute sa légende du swinging London qu'elle porte avec ce mélange de simplicité et de raffinement qui fait le vrai chic aristocratique. On entend pourtant dans sa plainte rocailleuse l'écho des impasses sordides où ses errances hallucinées et alcoolisées allaient battre le pavé, faute d'autre tempo.


http://www.youtube.com/watch?v=mXD8l8JFk6E


La voix acidulée de la jeune fille de 17 ans sussurant " As tears go by" à l'oreille de Jagger s'est muée en soupirs et râles de sorcière de Shakespeare. Envoûtante, elle est restée. Certaines artistes perdent ainsi leur voix mais continuent à chanter avec un autre organe: un coeur perclus mais qui fier de sa survivance bat impeccablement la cadence et sonne toujours juste. "Elle est trop vieille" ose-t-on me répliquer sans avoir même voulu l'entendre. C'est ignorer que l'art prend tout son temps pour accomplir chez certaines âmes les plus belles métamorphoses.



http://www.youtube.com/watch?v=hQWASUA9mbU

mercredi 21 septembre 2011

AUTOCHROMES



Un peu de couleurs toujours d'un autre temps en attendant que le temps d'aujourd'hui chromatise les siennes souvent si ternes à mes yeux si rétrospectifs.

Quelques autochromes du monde entier.
Selon Wikipedia: " L'autochrome est un procédé de film photographique couleur breveté le 17 décembre 1903 par les frères Auguste et Louis Lumière. C'est la première technique industrielle de photographie couleurs, elle produit des images transparentes. Elle fut utilisée entre 1907 et 1932 environ. À partir de 1907, sa commercialisation séduit de nombreux Français et étrangers. Les usines Lumière produisirent 6 000 plaques d'autochromes par jour, 50 millions de clichés au total."

La poèsie qui se dégagent de ces images tient-elle à leurs teintes à la fois passées et pimpantes où à la nostalgie d'époques au charme bigarré, d'un pittoresque resplendissant?