Les jeunes hommes endormis ou se déshabillant de Tsarouchis confrontent leur visage rêveur ou leur demi- nudité à une tradition méditerranéenne qui intégrait et célébrait jadis les kouroi, éphebes, athlètes et autres guerriers. Le choix des uniformes contrastant avec la peau mise à nue n'est-il pas une occasion de confronter la rigidité des codes sociaux et les insignes oppressifs du pouvoir avec le culte de la liberté et de l'authenticité des passions si propre à l'hellénisme? L'éros selon Tsarouchis est une invitation à l'abandon et à la langueur, au dépouillement, une escale à Cythère dans une traversée violente de l'histoire politique grecque marquée par les conflits frontaliers, les guerres civiles, la dictature et la répression.
A la décadence sociale et citoyenne d'une Grèce déjà ruinée et épuisée, s'oppose la paix languide et lumineuse des vigoureux garçons peints par Yannis. Sa volonté de représenter la jeunesse grecque qui hante les tavernes du Pirée et les quartiers populaires à l'éclairage de l'histoire de l'art hellénistique, oriental ou selon des pastiches des grands maîtres, est une affirmation du pouvoir de la beauté sur le temps et les préjugés sociaux. Le métissage des costumes anciens et des pauses académiques avec la désinvolture des corps et des accessoires contemporains du désir (slips, baskets, maillot de corps, T-shirt) offre dans certains tableaux des trésors d'ironie et de tendre perversité.
La variété de ses techniques et des ses inspirations (portraits de Fayoum, céramiques et mosaïques athéniennes, fresques de Pompéï, icones byzantines etc...), la vitalité des couleurs, les touches d'expressionnisme solaire, son goût pour le théâtre d'ombres, tous ces éléments qui dominent la production de Tsarouchis, imposent son style à la fois profondément grec par les références au patrimoine antique et à l'univers populaire local, mais aussi universel de par son souffle libertaire et sa sensualité de feu. Grèce éternelle oblige!
1 commentaire:
Un pintor al que hace tiempo dediqué una entrada y que me sigue fascinando, justamente por esa sabia forma en que conjuga la tradición helénica con la contemporaneidad.
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