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samedi 6 février 2010

LE SOUFFLE AU COEUR



Un film pareil est, sur le plan moral, impensable aujourd'hui .
Certes il fit scandale en son temps, mais il fut distribué, diffusé et figure désormais parmi les oeuvres majeures de cette époque d'audace et d'expérimentations artistiques.
Le film questionne, dérange, choque, c'est le rôle de l'artiste en fait, et surtout fait réfléchir et penser autrement. Le scandale n'y est pas du côté que l'on croit. Pas du côté de l'inceste ou de la représentation crue de l'éveil sauvage et déréglé à la sexualité. Mais plutôt dans la violence de la répression bourgeoise et l'hypocrisie qui y sont systématiquement dénoncées.





Quand on passe en revue "les travers moraux" ( expression horripilante, mais que dire?) qui apparaissent dans chaque scène du film, on hallucine: masturbation compulsive et collective, prostitution organisée, abus de mineurs, adultère, parents indignes, vol, mensonge, dépravation, alcoolisme, amitiés particulières, pédophilie, et l'inceste pour couronner le tout!

Louis Malle y est allé très fort sachant que le scandale, s'il est accompagné de talent et d'une vraie réflexion, est un passeport pour la gloire, si éphémère soit-elle.




Mais en fait de compte son film est aussi inspiré par Freud, Proust ( multiples évocations directes!), Mann, Musil, Cocteau et tous ceux qui se sont penchées sur la triste et absurde éclosion de l'âme adolescente.

Une grande liberté et un grand coeur souffle sur cette oeuvre admirablement jouée par le jeune Benoit Ferreux et par l'irrésistible Léa Massari, magnifique mére dévoreuse, Médée sensuelle et non repentie, héroïne solaire et tournée vers l'amour et la vie.

Voilà ce qui sauve l'enfant et le film.

vendredi 11 décembre 2009

LE VRAI SCANDALE DES AMANTS




"Les amants", de Louis Malle...film à scandale?
On en sourit aujourd'hui. En son temps, le film avait l'audace de présenter une description décomplexée de l'adultère d'une jeune et jolie bourgeoisie qui s'ennuie entre son riche mari et son fringant amant et qui s'enfuit avec le premier venu au petit matin.







Aujourd'hui ce qui provoquerait un scandale, hélas de ridicule pour les esprits trop secs, c'est la tonalité hyper romantique et à l'eau de rose de la séquence nocturne finale, quand les amants en question se promènent dans le parc au clair de lune, dérivent sur l'eau d'une rivière enlacés dans une barque, font l'amour sous des draps blancs et chastes ou se glissent lovés dans la même baignoire.
Jamais dans un film d'auteur qui prétend proposer un point de vue moral sur sur une classe sociale, on ne poussa si loin le goût de la romance et l'esthétique de la passion soudaine, irrésistible.





Qui oserait de nos jours écrire des dialogues aussi "crus" que ceux-ci sans faire éclater d'un rire sinistre, les pragmatiques primates hyperséxués de notre génération?

"Mon amour, tu es mon amour... je t'ai toujours connu... oh je t'aime, tu es beau... j'aime ta peau...je voudrais que cette nuit dure toute la vie, mon amour."
...sachant que les protagonistes ne se connaissent que depuis quelques heures à peine.



Mais voilà, c'est justement cela l'amour, cet épanchement lyrique, pulsionnel, incontrôlable qui fait couler des lèvres des paroles de miel et déborde de tous les cadres de nos conventions sociales, morales ou intellectuelles.
Jeanne Moreau et son amant sont sublimes. Et Louis Malle a raison de montrer la nudité et l'évidence d'un amour qui se dit et se fait sans détours.

"Le vrai sacandale c'est la mort" a su chanter la Jeanne.
C'est ausi d'oser aimer avec une telle fulgurance et sans avoir jamais la moindre notion ni du ridicule ni de l'irréparable.