samedi 8 novembre 2008

AZUR ET ASMAR, UN CONTE A DECRYPTER?

Je ne suis pas un grand fanatique de film d'animation, j'ai tort certainement car ils sont souvent de grande qualité et on y trouve une poésie et une liberté qui fait souvent défaut aux films ordinaires. La réalisation de Michel Ocelot "Azur et Asmar" a attiré mon attention de par la beauté plastique de ces images animées digitalement qui malgré une certaine froideur et un hiératisme dans les mouvements parviennent à faire circuler un charme où le médiéval se mêle à l'oriental. Deux enfants élévés par une même magnifique nourrice ( la scène initiale du sein est absolument merveilleuse d'indécence naïve) l'un brun arabe et l'autre blond aux yeux bleus vont vivre une histoire initiatique forte où amour, amitié, et revendications de pouvoir vont constituer la trame de leurs affrontements. Dispute pour la mère ( drame trés oedipien), dispute pour la femme (une fée et sa cousine trés asexuée), du copinage avec un marginal et une princesse enfant, rien de trés masculin jusqu' ici! La fraternité y est vécue sur le mode du conflit permanent pour mieux masquer un désir qui ne saurait dire son nom. L'esthétique hyper raffinée que Ocelot installe avec les paysages floraux, les intérieurs de palais, ryad, patio à mosaïques et azulejos, le faste dans les détails et le baroque des couleurs contribuent à créer une atmosphère onirique d'une sensualité inédite dans un conte pour enfants ( sauf Les mille et une nuits dont on sait ce qu'un Pasolini en a fait en les lisant à la lettre!). Bref l'homoérotisme explose dans le soin apporté à dessiner les deux jeunes protagonistes d'une beauté "assourdissante" tant elle crie son appartenance à l'esthétique gay!


Azur est le prince charmant maltraité, ange déchu, chassé, dominé, passant par les pires épreuves d'une destinée sadique dont il ressort plus glorieux et triomphant. C'est l'ange diaphane roulé dans la boue, le Tadzio viscontien ou le prince final de La belle et la Bête, ou encore un Orphée juvénile descendant aux enfers portant son frère finalement bien aimé sur son dos, le soignant avec ses rubans et lui offrant la femme dont il rêvait dans un ultime éclat d'amour sacrifié.


Asmar le sombre, l'obscur, est le satan adolescent renfrogné et superbe, un rimbaud oriental dont le regard pénétrant et la musculature d'éphèbe sont extrêmement valorisés par le réalisateur. On le croirait parfois sorti d'un film de Cadinot ( en allant chercher trés loin!)... et certaines scènes sont d'une charge érotique flamboyante.

Brefs les deux jolis garçons enfin réconciliés dans une amitié fraternelle et tendre épousent deux fées fadasses et dispensables avant de se retrouver tous les soirs tous les deux au hamman de maman. Quoi ce n'est pas comme cela que le conte finit?

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