Depuis un an on me rabat les oreilles avec ce dramaturge au nom et au destin digne d'un héros de Jean Genet. L'année Lagarce, Lagarce au programme du bac théâtre, Lagarce à l'international avec le séminaire à Buenos-Aires et Edith mon amie musicienne qui participe au montage de la pièce au Brésil... Lagarce par ci, Lagarce par là! Bon je me renseigne, je vais voir des mises en scènes, Music Hall par et avec Alfredo Arias, intéréssant mais répétitif ( et oui la répétition, reformulation est LE procédé du discours lagarcien!), je visionne le DVD de La cantatrice chauve mise en scène par lui-même avec, je le reconnais, un grand talent et une invention à chaque réplique. Je visite le site officiel où on le présente comme un dieu ou un martyr, ainsi que d'autres sites de théâtre contemporain où l'on est dans une telle famine de dramaturges représentatifs de notre temps q'un homme de talent comme Lagarce, finalement peu reconnu de son vivant, une fois mort précocément du SIDA devient avec Koltés, une figure pratique et opportunément commercialisable. On le présente sur Wikipédia comme l'auteur le plus joué aprés Molière et avant Racine! Oui c'est un gros coup de fièvre! qui passera comme toutes les modes et cela ne pourra que profiter à cette oeuvre sur-médiatisée.
Je sors de la réprésentation de "Juste la fin du monde/ Apenas el fim del mundo" son oeuvre emblématique où un homme ayant quitté depuis longtemps sa famille revient leur annoncer qu'il va mourir. En fait cette annonce n'a jamais lieu sinon à travers de longs monologues du protagoniste. Le reste de la pièce est d'ailleurs quasiment constitué de monologues des autres parents, bonjour la dramatisation!La mise en scène trés statique ne relève pas un texte de facture trés banale, sans intrigue consistante, du moins celle de la révélation annoncée par le personnage double de l'auteur. Je ne veux pas juger de l'oeuvre de l'auteur sur la base déformante et partielle de cette adaptation argentine assez mal servie par un jeu d'acteurs très plat et sans générosité (notamment Daniel Hendler acteur fétiche du cinéaste Burmann qui est d'une raideur et inexpressivité très macho rioplatense, à mille lieues de ce qui me semblait être la touche subversive et la fêlure du héros de Lagarce)... mais enfin le dramaturge en ressort à la fois affaibli et surévalué. Aucune distorsion concrète du discours, aucune originalité dans les procédés scèniques ou folie chez les acteurs (sauf celui jouant le frère, très émotionnel et un rien trop psychodramatique) ! Bref réussir à ennuyer avec un thème pareil que celui du retour du fils prodigue dans une famille, milieu pathogène par excellence, pour annoncer sa mort! voilà qui me semble un échec regrettable. En plus la production de ce spectacle se voulait à la fois underground et dans l'air du temps et tombe finalement dans le prétentieux rasoir, par excés de révérence pour une oeuvre qui devrait être plus artistiquement bousculée, car enfin il semble que ce soit de ces perturbations-là que l'oeuvre de Lagarce prétend se nourir.
le site officiel de LAGARCE http://www.lagarce.net/
Un extrait de la pièce lors du filage http://www.youtube.com/watch?v=nhxB6iabwos
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