mardi 8 septembre 2009

"WHAT EVER LOLA WANTS...


...Lola gets" chante Sarah Vaughan.J'ignorais jusqu'à hier qu'elle faisait allusion à Lola Montes, la courtisane irlandaise du 19ème siècle qui rendit fous marins, mineurs, rois et artistes. Son destin aussi éblouissant que pathétique fit bien sûr l'objet de biographies et romans innombrables ainsi que d'un film fameux, chef d'oeuvre du cinéma de grand-papa, réalisé par Max Ophüls. Une fastueuse production ne permit pas à se film de connaître le succès escompté, mais il n'en demeure pas moins un classique du film à grand spectacle.

Jamais je ne crois avoir vu un tel déploiement de théâtralité et d'invention baroque pour mettre en scène le récit de cette vie de danseuse exotique sans grand autre talent que celui de fasciner les foules et de vider les bourses de ses admirateurs! Le cirque de Lola devient sous l'oeil de Ophüls une arêne chorégraphique, acrobatique, une cage aux fauves et aux folles où resplendit une Martine Carol, icône des années cinquante qui ne trouva jamais meilleur rôle que celui la Montes. Même si elle continue de nous servir des mimiques compassées et affectées comme celle-ci:

ou celle-là:

...elle n'en ressort pas moins grandie de cette interprétation unique, avant qu'une lolita irrésistible nommée Brigitte ne précipite sa carrière vers une inéluctable décadence. Triste destin de luciole que celui des actrices et courtisanes!
Pour revenir au film, il offre une succesion de tableaux hallucinants ployant sous le décorum,le carton-pâte et les trompe-l'oeil où sont reconstitués théâtres, roulotte polonaises, auberges italiennes,nef de navire anglais, palais bavarois, atelier de peintre, loges de cirque... Les costumes envahissent l'écran de leurs miroitements et noient la vision du spectateur dans un raz-de-marée rococo qui enchante.

Mais les vraies vedettes de cette belle ouvrage ne sont ni les acteurs, ni les décorateurs, ni la foule de figurants dont le ballet harmonieux donne le tournis, ni le génial Ophüls lui-même, non, la seule chose qu'on retiendra c'est la présence éblouissante et inoubliable des lustres en cristal qui descendent majestueux des cieux improbables pour envahir l'écran et nous rappeler à chaque séquence que la vie n'est qu'un furtif instant de gloire éclatante suivie d'un extinction aussi lente qu'inoubliable.

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