Rencontre et causerie avec le poète, romancier et essayiste Bernard Noël dans le cadre de la présentation de son ouvrage "Jardin d'encre" exposé à Buenos-Aires avec des oeuvres de François Rouan. Cet écrivain qui fut en 1973 le dernier auteur inculpé pour "outrage aux bonnes moeurs" pour son roman Le château de Cène, s'est inscrit depuis dans une écriture poétique constante sous la houlette de Artaud et Bataille desquels il se revendique.
Soucieux d'échapper au sentimentalisme lyrique et à toute littérature existentialiste, il cherche à atteindre une expression littérale d'états physiques, organiques , "à rendre l'empreinte verbale de l'empreinte charnelle." Si " écrire, c'est comme s'effondrer au-dedans", il faut attendre à partir du vide de la page blanche une sorte "d'orage mental qui fait pleuvoir du verbe."
"Grand arbre blanc
à l'Orient vieilli
à l'Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n'est plus que cire sèche
sous la paille noircie
l'or s'est couvert de mousse
les dieux mourants
les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef
il a fait froid
il a fait froid
et sur le temps droit comme un j
un oeil rond a gelé
grand arbre
nous n'avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s'est tué à l'Ouest
avec l'idée de jour
grand arbre
nous voici verticaux sous l'étoile
et la beauté nous a blanchis"
Extrait de "Grand arbre blanc"
BERNARD NOËL
1 commentaire:
Il est intéressant de faire ces découvertes, ce n'est pas que l'on doit visiter la page d'un Français, mais il à travers l'Argentine, lorsque à ma connaissance, la France et l'Espagne sont des pays voisins.
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