lundi 18 mai 2009

ARACHNOPHILIE



Il y eut le film de Babenco, le musical à Broadway, des dizaines d'adaptations sur les scènes du monde entier et finalement une version théâtrale dans la ville où le roman se situe, Buenos-Aires.
Manuel Puig n'a jamais été prophète en son pays, il en est plutôt la mauvaise conscience, comme le sont tous les grands écrivains nationaux, répudiés, exilés puis consacrés. "Le baiser de la femme araignée" est d'abord et surtout un roman complexe et dense qui ne peut qu'avoir à souffrir de se voir transposé sous quelque forme que ce soit.


Le huis-clos que vivent ces deux incarcérés dans leur cellule se prête certes à une théâtralisation facile. Les conflits de personnalités entre l'homosexuel flamboyant et cinéphile Molina et le jeune prisonnier politique endoctriné par la cause révolutionnaire, est riche en coups d'éclats et tension dramatique. La richesse et l'ironie des dialogues de Puig si amateur des discours retranscrits favorise de beaux échanges de répliques. Enfin la force des thématiques, psychologique, morale, politique et les jeux de transgression qui se donnent à voir sur scène dans le rapprochement et la complicité de deux personnages aux antipodes est un matériel parfait pour une réflexion théâtrale qui se veut intellectuelle et populaire à la fois.
Tout cela se retrouve dans la mise en scène trop tranquille que Szchumacher propose au théâtre El Cubo. Le public suit, amusé, intéressé, incommodé et conquis finalement. Tout cela tient surtout au charisme et à l'interprétation impeccable de Humberto Tortonese qui campe un Molina royal. On ne vient que pour lui et on retiendra surtout sa performance.



La pièce est trop courte, la fin tronquée, évacuée par une voix off très inefficace. On reste un peu déçu... cette femme araignée aurait gagné à être plus sombre, plus venimeuse et plus vorace. Un peu plus de monstruosité por favor!
Il ne reste plus qu'à se plonger dans le roman de Puig pour être pris dans la toile de son style et se laisse délicieusement dévoré.

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