dimanche 17 avril 2011

MEMOIRES D'HADRIEN, RÊVES D'ANTINOÜS


"Ce jeu mystérieux qui va de l'amour d'un corps à l'amour d'une personne m'a semblé assez beau pour que je lui consacre une part de ma vie."

"...qu'un seul être... nous hante comme une musique et nous tourmente comme un problème; qu'il passe de la périphérie de notre univers à son centre, nous devienne enfin plus indispensable qu'à nous-mêmes, et l'étonnant prodige a lieu, où je vois bien davantage un envahissement de la chair par l'esprit qu'un simple jeu de la chair."




"Le visage d'un autre m'a préoccupé davantage. Sitôt qu'il rentra dans ma vie, l'art cessa d'être un luxe, devint une ressource, une forme de secours. Il existe aujourd'hui plus de portraits de cet enfant que de n'importe quel homme illustre, de n'importe quelle reine."



"Trahit sua quemque voluptas. A chacun sa pente: à chacun aussi son but, son ambition si l'on veut, son goût le plus secret et son plus clair idéal. Le mien était enfermé dans ce mot de beauté, si difficile à définir en dépit de toutes les évidences des sens et des yeux. Je me sentais responsable de la beauté du monde."




"Antinoüs, couché au fond de la barque, avait appuyé la tête sur mes genoux. Ma main glissait sous sa nuque, sous ses cheveux. Dans les moments les plus vains ou les plus ternes, j'avais ainsi le sentiment de rester en contact avec les grands objets naturels, l'épaisseur des forêts, l'échine musclée des panthères, la pulsation régulière des sources. Mais aucune caresse ne va jusqu'à l'âme."



Marguerite Youcenar

MEMOIRES D'HADRIEN


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