mercredi 14 septembre 2011

PLAIN CHANT



Pour illustrer un des plus beaux poèmes de Jean Cocteau et du lyrisme de langue française, j'ai choisi ces quelques captures de l'acteur Guillaume Depardieu dans l'étrange film de l'étrange Leos Carax "Pola X". Quelque chose de Jean Marais dans l'allure et la grâce brisée de Guillaume, et Carax qui tient Cocteau comme un de ses grands maîtres, le filme comme Jean filmait Jeannot.

PLAIN-CHANT

Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,

La nuit, contre mon cou ;

Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,

Nous endormir beaucoup.



Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!

Est-il une autre peur?

Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille

Ton haleine et ton coeur.

Quoi, ce timide oiseau replié par le songe

Déserterait son nid !

Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge

Par quatre pieds fini.




Puisse durer toujours une si grande joie

Qui cesse le matin,

Et dont l'ange chargé de construire ma voie

Allège mon destin.

Léger, je suis léger sous cette tête lourde

Qui semble de mon bloc,

Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,

Malgré le chant du coq.


Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,

Où règne une autre loi,

Plongeant dans le sommeil des racines profondes,

Loin de moi, près de moi.

Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,

Par ta bouche qui dort

Entendre de tes seins la délicate forge

Souffler jusqu'à ma mort.


1 commentaire:

Javier a dit…

La mort vient toujours trop tôt, nous ne saurons jamais le temps ou les dates.