C'est mon deuxième billet sur le peintre américain Paul Cadmus dont les dessins d'académies langoureuses rappellent la délicatesse des grands maîtres de la Renaissance qu'il admirait tant. C'est du reste la seule partie de son œuvre qui me séduise et me touche vraiment car ses grandes compositions colorées ont du mal à mes yeux à se détacher d'un certain kitsch pompier américain... Par contre ses nus masculins abandonnés au sommeil, à la volupté, à la rêverie, expriment malgré leur intense charge érotique une fragilité et une tension que j'ose qualifier de mystique.
Une immense vulnérabilité émane de ces corps splendides, voluptueusement repliés sur leur nudité, couchés sur le papier comme sur le ciel, égratignés de coups de crayons, d'où jaillit une lumière pleine de grâce. C'est pourquoi je fais se croiser ici les dessins de Cadmus avec quelques citations choisies de la philosophe mystique Simone Weil, une des pensées qui m'a le plus impressionné durant mon adolescence et dont le rayonnement ne cesse de me poursuivre.
«Le mal est à l'amour ce que le mystère est à l'intelligence.»
«Le beau est ce qu'on ne peut pas vouloir changer.»
«La plénitude de l'amour du prochain, c'est simplement d'être capable de lui demander : "Quel est ton tourment ?"»
«Toutes les tragédies que l’on peut imaginer reviennent à une seule et unique tragédie : l’écoulement du temps.»
«La pureté est le pouvoir de contempler la souillure.»
«Parmi les êtres humains, on ne reconnaît pleinement l’existence que de ceux qu’on aime.»
«La joie est notre évasion hors du temps.»
«Dieu ne peut être présent dans la création que sous la forme d'absence.»
«Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire “je”.»
«L'amour est un signe de notre misère. Dieu ne peut aimer que soi. Nous ne pouvons aimer qu'autre chose.»
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