lundi 2 septembre 2013

LE SANG D'UN POETE




"Poésie de cinéma" ainsi Cocteau nommait-il ses œuvres pour le grand écran. "Le sang d'un poète" mérite cette étiquette à plus d'un titre. Film précurseur du cinéma surréaliste, (même si Cocteau fut honni et piétiné par la bande à Breton qui organisait des commandos pour en saboter les projections), il s'élève par sa grâce et créativité bien au dessus des réalisations de Buñuel et Dali souvent engluées dans les pesanteurs doctrinaires et la misogynie navrante de leur époque. 
Cocteau ouvre dans cet opus une série de portes sur le rêve, la création poétique, le fantasme, l'enfance, les paradis artificiels, l'androgynie... qu'il sut décliner dans la plupart de ses autres œuvres. Son sens de la théâtralité, ses talents de plasticien, sa magie du verbe ajoutent aux charmes de cet objet cinématographique. On y découvre une exploration très avant-gardiste des obsessions de son créateur avec des moyens techniques certes très limités mais que rehausse un génie du trucage artisanal. Statues vivantes, plaies parlantes, traversées de miroirs et rencontres avec l'étrange.... toute la mythologie de Cocteau glisse à la surface de la pellicule comme une boule de neige ou un jet d'encre renversant un dormeur aux yeux grands ouverts sur sa propre nuit.


















5 commentaires:

Patrick Mandon a dit…

Cher SBL, votre hommage à Cocteau est impeccable. C'est même faire trop d'honneur à ces pions, méchants et sectaires, qu'on nomme les Surréaliste, que de l'associer à leurs enfantillages. Cocteau est un enchanteur, à la manière de Merlin, il est notre enchanteur. Voilà quelque temps que je n'étais pas venu ici ; rien n'y a changé, et c'est un enchantement… Amitiés à vous SBL !

Sébastien Paul Lucien a dit…

Cher Patrick, c'est toujours un plaisir de vous lire sur votre blog ou ici, et de voir que nos "connexions" esthétiques et intellectuelles sont loin d'être virtuelles. Merci pour vos mots et votre fidélité.

Sébastien Paul Lucien a dit…

Cher Patrick, c'est toujours un plaisir de vous lire sur votre blog ou ici, et de voir que nos "connexions" esthétiques et intellectuelles sont loin d'être virtuelles. Merci pour vos mots et votre fidélité.

Patrick Mandon a dit…

« … voir que nos "connexions" esthétiques et intellectuelles sont loin d'être virtuelles » : ce que Goethe appelait les affinités électives. Voilà bien ce qui compte !
Sinon, on corrigera une vilaine faute dans mon premier message. Il faut écrire SurréalisteS. Ces derniers ont été odieux avec Cocteau, qui les surpassait presque tous. Quant à Picasso, il fut avec lui comme avec d'autres, un sale type, d'une hypocrisie totale. Vous avez raison d'insister sur l'invention visuel de Cocteau et son apport définitif au cinéma. Il est, avec Guitry, l'un des maîtres du cinéma moderne.

Patrick Mandon a dit…

« … sur l'invention visuelLE de Cocteau ». : il faut vraiment que je prenne des vacances !