mardi 11 mai 2010

IL A TUE SA MERE



On sait qu'il existe deux types de gens insupportables: les insupportables vraiment insupportables et les insupportables adorables. A quelle catégorie appartient Xavier Dolan? Seul l'avenir proche le dira...
A 20 ans à peine, ce jeune québecquois a écrit et réalisé son premier long-métrage dans lequel il joue le premier rôle :"J'ai tué ma mère". Surprise et succès immédiats dans les festivals du monde entier depuis 2008. Et cette semaine, sortie du second opus "Les amours imaginaires" à Cannes.
J'ai vu hier le premier. Oeuvre adolescente d'un ado sur l'adolescence. C'est plein de vitalité, de fraîcheur, de violence, de jaillissements et l'ensemble est soutenu par une précocité de propos et de style qui ne peuvent que séduire et surprendre agréablement. La recherche d'effets faciles dans le montage et la musique et certaines séquences à la beauté artificielle n'enlèvent rien au lyrisme, à la colère et à la tendresse magnifique dont ce film déborde.


Dolan y raconte simplement les conflits d'un lycéen assez rockn'roll élévé par sa mère un peu dépassée par tout. Des conflits faits de crises, disputes, hystérie et quasi violence domestique. Cela donne des scènes fortes jouées avec un réalisme impeccable et cousues de dialogues virulents dont la plupart m'échappent ou me font rire à contre-temps à cause "d'un accent canadien-là à couper au couteau t'sais."
La grande question du jeune héros de cette apparente autofiction cinématographique est : " quand est-ce que je ne vais plus vivre sous le même toit que ma mère?" préoccupation capitale pour un ado qui préfère fumer des pétards chez son petit copain. Il faut préciser que la maman en question vit dans un intérieur ultra-kitsch et ringard qui est une des grandes réussites plastiques et comiques du film. Qui ne voudrait fuir une déco aussi mortellement écoeurante?


Le film, comme coup d'essai, a le charme de ses défauts et peut tout autant amuser qu'irriter. Car il est insupportable ce jeune personnage bi-polaire et arrogant, capricieux et tyrannique avec sa génitrice et il la mérite sa paire de claques... Péremptoire, narcissique, excessif, incohérent, versatile... et malgré tout craquant, le film est tout cela à la fois aussi, à l'image probablement du réalisateur.
Celui-ci a le malheur de commencer trop jeune et avec trop d'éclat sa carrière et risque de mourir dans l'oeuf, sinon dans le ventre de cette oeuvre-mère qui peut le tuer cinématographiquement parlant.

BANDE-ANNONCE : http://www.youtube.com/watch?v=tDa0CkKjfsk


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