Cette longue nouvelle de Henry James est une sorte d'énigme littéraire construite comme un jeu de miroir vénitien. Un critique se rend incognito chez une vieille dame américaine vivant avec sa nièce dans un palais de la cité des Doges où elle tiendrait cachées des lettres d'amour d'un poète illustre du siècle passé, Jeffrey Aspern. Comment mettre la main sur ces hypothétiques reliques et accéder aux mystères d'un créateur disparu?
Henry James s'est inspiré d'une anecdote semblable qu'on lui avait rapportée sur des lettres de Byron détenue par la nièce d'une ancienne pasison du poète, laquelle était disposée à les livrer à Shelley en l'échange d'une promesse de mariage.
Henry James s'est inspiré d'une anecdote semblable qu'on lui avait rapportée sur des lettres de Byron détenue par la nièce d'une ancienne pasison du poète, laquelle était disposée à les livrer à Shelley en l'échange d'une promesse de mariage.
Toute l'intrigue joue sur une psychologie de désir et frustration qui est au coeur de la chose littéraire et de l'amour. Dans une Venise labyrinthique et mystérieuse comme les cheminements de la création poétique, cette "crapule littéraire" se heurtera au temps, à l'oubli, aux subterfuges et aux négociations douteuses qui entourent ces fameux papiers. Au-delà du suspense narratif qui tient le lecteur dans la même attente angoissée et perverse que le narrateur de trouver les documents tant désirés, Henri James pose des questions passionnantes sur l'oeuvre littéraire, les conditions de sa production, sa destination, le respect dû à la mémoire des écrivains, les limites de l'investigation critique... autant de problématiques qui le concernent directement en tant qu'auteur.
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