jeudi 3 février 2011

UN CHANT D'AMOUR



Unique film de l'écrivain Jean Genet, "Un chant d'amour" tourné dans un cabaret de Saint-Germain en 1950, ne sera mis en circulation qu'en 1975 alors que l'auteur ne voulait plus le considérer que comme " l'esquisse d'une esquisse". Film sur l'éros carcéral, il offre un "imagier" de la fantasmagorie genetienne: prisonniers tatoués en marcel, vigile voyeur, évasion rêvée dans les sous-bois et volutes de fumée... tout y est décliné avec ce curieux mélange de réalisme trivial et d'onirisme raffiné qui marque la signature du poète. On y voit une chorégraphie de l'impossible rencontre, de la quête d'un semblable dans un corps à corps au-delà des murs.
A part quelques bonnes trouvailles ( la paille et la fumée traversant le mur, le rameau de fleurs lancé au bout d'une corde à travers les barreaux vers la main du prisionnier voisin, le voyeurisme du gardien qui est proprement celui du spectateur...) ce petit film est surtout un témoignage des obsessions visuelles de Genet lequel a eu d'autres projets cinématographiques avortés. Parfois on croit regarder simplement un porno-vintage, souvent répétitif (comme l'exige le genre en question) malgré sa courte durée (25 mn). On peut retenir certaines images à la photographie troublante rappelant Voinquel ou Hirst ou Platt Lynes. Mais rien qui ne puisse faire oublier le Genet romancier et dramaturge, irremplaçable styliste et voleur de feu.

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