MARRAKECH. Un nom de ville qui résonnait dans mon imaginaire: rêve d'orient, voluptés arabes, ville rouge et medina, place Djema el fnaa... toute un caravansérail naïf d'images de camelote recueillies dans les livres, les films ou les chansons.
"Et Marrakech
Etait si fraîche
Ce janvier-là
Sur la calèche
Il dit Princesse
j'ouvre le bal
Et sur la place
Dansent et s'enlacent
Les gnawas"
SAPHO in "Marrakech", album El sol y la luna
Etait si fraîche
Ce janvier-là
Sur la calèche
Il dit Princesse
j'ouvre le bal
Et sur la place
Dansent et s'enlacent
Les gnawas"
SAPHO in "Marrakech", album El sol y la luna
Hélas, il ne faudrait jamais confronter le nom et la réalité comme le conseille le narrateur de Proust dans "Nom de pays: le nom" section de Du côté de chez Swann:
"Mais si ces noms absorbèrent à tous jamais l'image que j'avais de ces villes, ce ne fut qu'en la transformant, en soumettant sa réapparition en moi à leurs lois propres; ils eurent ainsi pour conséquence de la rendre plus belle, mais aussi plus différente de ce que les villes [...] pouvaient être en réalité, et, en accroissant les joies arbitraires de mon imagination, d'aggraver la déception future de mes voyages. Ils exaltèrent l'idée que je me faisais de certains lieux sur la terre, en les faisant plus particuliers, par conséquents plus réels."
"[...] Ces images étaient fausses pour une autre raison encore; c'est qu'elles étaient forcément trés simplifiées; sans doute ce à quoi aspirait mon imagination et que mes sens ne percevaient qu'incomplètement et sans plaisir dans le présent, je l'avais enfermé dans le refuge des noms; sans doute parce que j"y avais accumulé du rêve, ils aimantaient maintenant mes désirs."
Il faudrait une fois la déception passée de la confrontation avec la réalité, effacer les tristesses du monde contemporain ( misère, mercantilisme, tourisme de masse, prostitution, impossibilité de vraies rencontres avec l'autre... et ceci est valable pour l'ensemble des destinations touristiques de la planète), sans doute il faudrait ne retenir que des éclats, des fragments amoureux rescapés de notre rêverie déjà morte et essayer de les faire coïncider, bâtons rompus à recoller comme des symboles , avec une certaine vision de la réalité.
De Marrakech, je tire la leçon du renoncement à tout attente à l'égard des voyages.
Quelques images capturées par mon nouvel appareil photo, tentent de reconstituer un nom ruiné par "l'amer savoir qu'on tire du voyage."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire