samedi 14 novembre 2009

NAUFRAGE EN ALASKA



Probablement une de mes dernières descentes aux enfers de la scène électro-pop latine... le show de Fangoria, groupe madrilène de l'underground camp espagnol, conduit par Alaska, la chanteuse pechugona à la voix de travesti.
Curieux de voir ce que recouvrait cette figure culte des premiers films d'Almodovar et de la movida espagnole dont les mélodies aux paroles mélodramatiques et à la rythmique techno transpirent la pop et la dance music européenne, j'ai tenté le voyage...



Avant de voir la Pythie botoxisée, il a fallu "aguantar" les spectres des jeunes noctambules agglutinés dans le Vestibule pendant une bonne heure et me retrouver assis aux premiers rangs mais, horreur! sous les hauts-parleurs où hurlaient les morceaux de rock alternatif qu'une pin-up interlope mixait sur le devant de la scène. Oui, j'avoue au risque de trahir mon âge et mon état de décadence que, tel un Ulysse viellissant, pour résister aux assauts des sirènes, je suis allé jusqu'à me tamponner les oreilles de boulettes de papier kleenex pour ressortir du théâtre avec des tympans quasi intacts!



Dans l'allée à côté de mon fauteuil, un travesti à trois têtes emperruquées, (ou trois travestis avec un seul cerveau) se démenaient pour attirer l'attention sur leurs mouvements frénétiques et non sur ceux des reines madrilènes "las leopardas" chantant des reggaetones sur scène en faisant valoir leurs seins et leurs fesses fraîchement implantés.
Après avoir pu juger du talent des Nancys rubias ( groupe electro-punk-glam- no se mas que! dont le chanteur est une version flamenco latex de Marylin Manson)il me fut enfin permis d'approcher la Perséphone en question, Alaska, juchée sur 20 centilmètres de plateforme shoes et pourtant ABSOLUTAMENTE inaudible et sans autre présence scènique que le geste qui consiste à faire voler sa chevelure avec des coups de têtes qui rappelent les soubresauts de l'Hydre de Lerne ou de la Gorgone.



L'hystérie collectve était à son comble et tous les oiseaux de nuits d'envahir le devant de la scène et de monter sur les accoudoirs de ce joli théâtre Ateneo. J'avoue que le spectacle infernal était davantage dans la salle que sur scène. Je ne croyais pas qu'un public si éclectique soit-il, puisse faire preuve de plus d'histrionisme et d' hystérie que les propres divas de la pop placées sur le plateau.



En fait la pauvre Alaska dont la voix ferait passer Amanda Lear pour la Callas du disco, n'est que la projection du fantasme que chaque spectateur rêve d'incarner: une chanteuse d'outre-tombe mais remodelée par la chirurgie esthétique, les sonorités de computer et la légende underground de l'artifice. Le tout customisé par la Almodovar touch, qui dans chacun de ses films donne à la figure de la chanteuse en général, une place privilégiée dans le panthéon de la sous-culture kitsch.
Je suis parti au bout de la 7ème chanson, comme on sort du 7ème cercle des enfers en retirant mes boules quies de papier avec le sentiment que le royaume souterrain m'avait englouti et recraché comme un noyau d'olive, solitaire et noir sur la banquise.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"There is only one thing in the world worse than being talked about, and that is not being talked about."
The Picture of Dorian Gray, Oscar Wilde.