"Victoria Ocampo est l'aînée de six sœurs nées dans une riche famille de Buenos Aires. Leur éducation est assurée par deux institutrices, une française et une anglaise, ce qui leur permet de s'ouvrir à d'autres cultures. Elle épouse, assez jeune, un homme de son milieu, séduisant et cultivé, mais le mariage est un échec. Elle se lie alors d'amitié avec de nombreux intellectuels, tels Rabindranath Tagore (1861-1941), Jules Supervielle (1884-1960), Jorge Luis Borges (1899-1986), Hermann von Keyserling (1880-1946).
Elle rencontre à Paris, à la fin des années 1930, Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945), et avec lui visite Paris, Londres et Berlin. Puis, après avoir rompu avec Drieu, elle fait la connaissance de Roger Caillois (1913-1978), qu'elle invitera à séjourner chez elle, en Argentine, durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est alors influencée par la pensée social-chrétienne de Jacques Maritain.
En 1931, Victoria repart pour l'Argentine où elle fonde la revue SUR qui publie Borges, Henri Michaux, André Malraux et Martin Heidegger, mais pas Drieu : « Tu es Pierre et sur cette pierre je ne bâtirai pas mon église », lui aurait-elle dit. Ils restent néanmoins de grands amis."
Une grande partie de son activité intellectuelle et artistique se déroula dans le cadre de la magnifique Villa Ocampo qui se situe dans la banlieu chic de Buenos-Aires, à San Isidro. Dans ce petit palais familial de style éclectique, Victoria reçut la crème des écrivains et artistes sud-américains ( Borges, Vargas Llosa, Octavio Paz, Gabriela Mistral...) français ( Drieu la Rochelle, Roger Caillois, Albert Camus...) ou indiens ( Krishna Murti, R.Tagore, Indira Gandhi).
Sur le Steinway du jardin d'hiver ont joué Stravinsky et Rubinstein. La bibliothèque du premier étage est d'une modernité impressionnante tant sur le plan des oeuvres romanesques que des essais philosophiques ou des ouvrages politiques. C'est émouvant de pouvoir lire les dédicaces de Camus ou de Lacan exposées sous des vitrines. Dans les chambres latérales reconverties en petits salons on peut aussi admirer les plans architecturaux de la villa que le Corbusier avait plannifiée pour Victoria toujours soucieuse d'être à l'avant-garde de tout.
On respire dans cette belle demeure, le destin solitaire et aventureux d'une femme rompant avec sa condition et les codes de son époque, éprise de culture, sacrifiant sa fortune à faire vivre une revue aussi importante que SUR d'une importance capitale dans la vie intellectuelle sud américaine.
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